On y était : le festival Avec le temps à Marseille
Alors c’était comment la dernière édition du festival Avec le temps à Marseille ? Notre envoyé spécial dans la cité phocéenne nous raconte…
Par Jean Fromageau
En 2010, j’étais à la fac Aix-Marseille et une partie de la France rigolait un peu trop fort lors de l’annonce de Marseille, capitale de la culture 2013. « Pardon ? Mais culture de quoi, de la MJC ahahaha ? », c’est globalement ce qu’on pouvait entendre dans toutes les chaumières relativement mal lunées en capricorne.
La crainte n’était pas de savoir si Marseille serait capitale, mais si Marseille resterait capitale.
Parce que Marseille est déjà capitale, les derniers l’ont compris ces 2 dernières années en sautant, les deux pieds joints, dans un appartement aux allures de paradis vers Notre Dame du Mont. D’autres en sont convaincus depuis qu’ils ont expérimenté leurs premiers pas de danse sur un certain air qui ne craint dégun.
Quelques expo et des belles infrastructures plus tard, Massilia convaincra donc celles et ceux qui ne l’étaient pas déjà que : oui c’est une capitale culturelle, et pas seulement pour 365 jours.
Mais que reste-t-il de cet amour ? Une fois passée la vague des inaugurations, des rubans coupés, des costumes bien taillés. D’aucun diront qu’il ne reste vaguement qu’un MUCEM trop propre et une friche avec beaucoup d’étages. Les autres parlerons de prospectus volants dans la rue, sales, trop pleins de soleil où on distingue légèrement un « ce soir, en concert » délavé.
Il s’avère qu’il aura fallu attendre un peu- 2016 soyons précis – pour voir émerger des têtes de la coopérative Grand Bonheur, toujours pleines de bonnes idées et de rêves en couleurs, le festival Avec le Temps.
Festival qui prend son temps, c’est le moins qu’on puisse dire puisque pendant 10 jours répartis sur Marseille ses alentours et une petite date échappée du nid vers une des plus belles salles de paris : La Maroquinerie.
Pour les plus identifiés : Fils Cara, Juliette Armanet, La Femme, Feu !Chatterton, L’Impératrice, Léonie Pernet, Mélissa Laveaux, .. j’en passe et des meilleur.e.s ont frôlé une plage, un pratos, une rue, ces 10 derniers jours.
Des festivals lecteurs et lectrices je me doute que vous en tenez une bonne couche de souvenir, et que, sans mentir ça serait un peu facile, presque ringard de vous dire à quel point les lives étaient beaux, le public au rendez-vous, les artistes ravi.e.s, et l’ambiance au maximum. Des lignes que vous avez déjà trop souvent lu, dans beaucoup de papiers et tout ça sans réelle saveur.
Même si tout ceci est vrai, la force d’Avec le Temps c’est surtout qu’il en faut peu pour se rendre compte que c’est une évidence d’être ici à suivre cette équipe organisatrice toujours bien apprêtée de sa veste d’un bleu bien plus profond que le temps (franchement pourri) que la cité phocéenne a offert à ces 2 semaines de festival.
Une évidence parce qu’après une période isolée chez nous, se retrouver dans un festival qui transpire l’humain (et on ne parle pas des 50°C au sortir du concert de Mansfield. TYA le vendredi à l’Espace Julien), c’est une saveur qu’on avait presque oublié. La simplicité avec laquelle on peut traverser la ville pour prendre un Pac à l’eau cours ju’, suivre une balade sonore, finir autour d’un café plutôt bien dosé au Montévidéo en passant quand même par un shot gingembre au Makeda, salle au charme fou.
L’humain de l’équipe donc mais surtout de toute la programmation qui, quoiqu’un peu grand écart quand on passe de Klon à Lonny, pourrait avoir en commun ce sourire assez déroutant en montée de scène. Loin d’eux le trac boule au ventre, la nonchalance artistique et le faussement réservé.
Meilleur moment : Franky Fade qui, mine de rien, nous avoue avoir 26 ans de piano dans les doigts et qu’on aurait aimé l’entendre en jouer plus de 2min
Pire moment : Un Wall of Death un peu chaotique devant Mansfield. TYA, il faut revoir les copies les gars, le concept est simple : chacun d’un coté du ravin et au premier kick on se rentre dedans.