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10 novembre 2015

Album du mois : Kangding Ray – Cory Arcane

par rédaction Tsugi

Produire de la musique électronique peut à bien des égards s’apparenter au métier d’architecte, les boucles remplaçant les parpaings, les nappes, les structures métalliques et les kicks les fondations. Voilà sûrement pourquoi au fur et à mesure des années, il est devenu de moins en moins rare de lire dans une biographie d’artiste l’intitulé “architecte de formation”. À croire que l’amour que voue l’électronique aux décors de béton est réciproque. Illustres représentants de cette mouvance, Rødhäd et Nicolas Godin de Air ont défini le concept du producteur/architecte, appliquant dans des styles très différents la même rigueur dans la conception de leurs beats qu’avec leurs plans et maquettes. Dans la même veine, un autre Français excelle, tellement perfectionniste que Resident Advisor l’a pris pour un Allemand. Ce Français, c’est Kangding Ray, David Letellier de son vrai nom. Figure discrète du paysage électronique hexagonal, il est pourtant à l’origine de morceaux dont la beauté n’a d’égale que la noirceur. Installé à Berlin depuis plusieurs années, il a trouvé au cœur de la capitale allemande le cadre idéal pour laisser s’épanouir ses qualités artistiques. Comme un bourgogne dans un tonneau de chêne; entourée de friches et de cathédrales de béton, la techno industrielle de Kangding Ray se bonifie avec le temps. Il nous avait déjà éblouis avec Solens Arc, son album de 2014, composé d’à peine quatre morceaux étalés chacun au minimum sur treize minutes. Un joli condensé de noise, de techno et de drone, parfaite bande originale d’un film post-apocalyptique. Loin d’être avare en productions, Kangding Ray récidive aujourd’hui tout en renouvelant profondément sa formule. Cory Arcane se limite à des titres de sept minutes, un format plus commun et plus club pour des morceaux qui brillent par leur éclectisme, allant autant fouiner du côté du hardcore que du drone. Un concept qui, s’il peut sembler fouillis, se révèle à l’écoute incroyablement cohérent, créant une sorte de grand paysage sonore, aussi mélancolique que rythmé. La techno 90’s a célébré l’ecstasy, Cory Arcane, comme le suggère son artwork, se place plutôt en mantra chamanique, incitant son auditeur à mâchouiller des fougères, et, à la façon des pythies grecques durant les rites dionysiaques, à entrer en transe. 

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