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2 décembre 2021

🕵️ Morts ou vifs ? Ces artistes dont on n’explique pas la disparition

par Tsugi

Ils ou elles sont descendus un matin acheter des cigarettes et ne sont jamais revenus. Ces histoires de disparitions inexpliquées ont été le fonds de commerce de Jacques Pradel et de son émission Perdu de vue sur TFI dans les années 1990. Dans la musique aussi, il y a des cas étranges. 

Article issu du Tsugi 145 : les grandes énigmes de la musique, disponible en kiosque et à la commande en ligne.

 

  • Alain Kan

Sa famille aussi lança un appel durant l’émission pour retrouver cette pittoresque figure de l’underground français, disparue sans laisser de trace sur un quai de métro le 14 avril 1990. Avant cela Alain Kan, homosexuel affiché quand cela ne se faisait pas et, pire, toxicomane heureux qui chanta avec ironie « Heureusement en France on ne se drogue pas« , avait connu une carrière fantasque marquée par la censure de nombreux de ses titres, interdits de radio. Débutant en 1963 dans la variété, avec des chansons d’amour très classiques, il devient ensuite une des figures du cabaret L’Alcazar de Jean-Marie Rivière, l’un des creusets des avant-gardes des années 1970. Vient ensuite la période glam rock et l’obsession pour David Bowie, qu’il reprend à l’occasion. Puis le punk en 1977, avec quelques titres enregistrés avec le groupe Gazoline, où s’illustre Fred Chichin, futur Rita Mitsouko, à la guitare. Dans les années 1980, son ultime album paraît chez New Rose et il collabore avec Christophe, dont il est le beau-frère. Où es-tu Alain ?

 

  • Connie Converse

New York, fin des années 1940, la beat generation n’a pas encore pris la route. La vingtaine, Connie Converse est partie de son New Hampshire natal pour conquérir la ville qui ne dort jamais avec sa plume. Mais cette jeune femme ne se contente pas d’écrire, elle compose et chante à la guitare de drôles de chansons dans un style inédit mêlant country, blues, folk. En 1954, son ami Gene Deitch enregistre ses somptueuses compositions diaphanes, mais sans lui apporter aucune notoriété (elles ne seront rééditées qu’en 2009 dans une compilation How Sad How Lovely). Lassée, Connie quitte New York en 1961 pour rejoindre son frère professeur d’université à Ann Arbor. Au cours de la décennie suivante, Converse papillonne entre divers jobs alimentaires, et commence surtout à picoler sérieusement. Jusqu’à ce jour d’août 1974 où, après avoir envoyé des lettres à ses proches où elle déclare des envies de voyage, elle prend la route avec sa voiture. On n’a jamais eu de ses nouvelles depuis.

 

  • Jim Sullivan

Inutile de chercher ce nom au générique du mythique Easy Rider. Pourtant, ce chanteur californien a bien fait une apparition dans le film de Peter Fonda. Ce n’est pas pour cela qu’il est passé à la (relative) postérité. Dans le Los Angeles de la fin des années 1960, Sullivan traîne sa guitare dans le milieu hippie branché. Ses chansons entre folkrock psyché et pop baroque intriguent sur les albums U.F.O (1969) ou Jim Sullivan (1972). Mais ces disques, malgré leur talent évident, connaissent peu de retentissement. En 1975, Jim décide donc de quitter le Golden State pour tenter sa chance à Nashville, où on lui a donné quelques contacts. Sauf que sa voiture sera retrouvée à Santa Rosa au Nouveau-Mexique, guitares et bagages à l’intérieur, mais sans aucune trace de Jim, mystérieusement disparu. Enlevé par les aliens ? C’est l’histoire qu’il racontait des années auparavant dans la chanson « U.F.O. ». Frissons. 

 

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  • Richey Edwards

 Le disparu le plus célèbre du rock anglais. Connu pour ses combats contre l’anorexie, la dépression et l’automutilation, le guitariste et parolier du groupe gallois Manic Street Preachers s’est évaporé le 1er février 1995 alors qu’il devait s’envoler pour une tournée promotionnelle américaine, abandonnant sa voiture au pied du pont Hafren, qui relie le Pays de Galles et l’Angleterre. Depuis ce jour, le mystère est à son comble et la presse se demande chaque année ce qu’est devenu le musicien de 28 ans, déclaré officiellement mort en 2008. Début 2019, coup de théâtre! Un livre écrit avec l’assentiment de sa sœur, Rachel ouvre de nouvelles pistes. Fasciné par l’écrivain reclus JD Salinger et l’histoire de sa propre grand-tante, qui a vécu quatre-vingts ans en ermite, Richey Edwards aurait planifié son retrait du monde et vivrait dans un kibboutz en Israël. Malgré l’appel à témoin lancé par le Jerusalem Post, aucun kibboutznik ne s’est manifesté. Pendant ce temps, les Manics conservent sur scène un micro à l’emplacement qu’occupait Richey et placent sur un compte séparé les royautés qu’il aurait dû toucher depuis 1995. Au cas où.

 

  • Gemini

 Le monde de la dance music américaine comprend lui aussi son lot de disparitions d’artistes, même si celle de Spencer Kincy est devenue synonyme de chasse au dahu. Comptant parmi les producteurs les plus respectés de la scène house de Chicago, Gemini en a également été l’un des plus prolifiques, quatre albums en deux ans, 200 morceaux enregistrés entre 1994 et 1999, puis plus rien. Gemini s’évanouit dans la nature. Depuis bientôt vingt ans, son sort interroge. Certains affirment l’avoir aperçu mendier à Los Angeles, d’autres sont persuadés qu’il a trépassé dans une ruelle. Chicago s’emballe… Les années passent et le mystère s’épaissit d’une couche supplémentaire quand deux labels européens ressortent au milieu des années 2010 les meilleures œuvres du producteur, affirmant que ces sorties sont dûment validées par Gemini lui-même. Aux dernières nouvelles, il serait vivant, en forme, mais invisible.

 

  • Licorice McKechnie

Disparaître est quasiment une habitude pour cette chanteuse. Première fois, au début des années 1960. La jeune femme d’à peine 20 ans doit se marier avec le folkeux écossais Bert Jansch. Elle prend plutôt la poudre d’escampette direction le Maroc. On la retrouve quelques années plus tard en couple avec un certain Robin Williamson, avec qui elle forme le Incredible String Band, groupe psyché folk qui a l’honneur de se produire à Woodstock. Peu de temps après, installée aux États-Unis, Licorice tombe sous la coupe de l’Église de la Scientologie, elle quitte alors à la fois le groupe et son mec. Ses années 1970 se confondent entre nouveau mariage, nouveau divorce et apparitions discographiques anecdotiques. Sa sœur donne de ses nouvelles en 1990: elle se remet d’une opération chirurgicale à Sacramento. Depuis, c’est le trou noir. Certains ont cru la voir faire du stop en Arizona, d’autres en pleine forme en Californie. Avec l’ombre trouble de la Scientologie planant au-dessus de sa disparition (définitive ?)

 

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