La bouse du mois : Flume – Skin
Extrait du numéro 93 de Tsugi, en kiosque ce jeudi 9 juin.
Message de service à tous nos amis les trolls des Internets qui pensent que les journalistes ressentent de puissants orgasmes à l’idée de cracher sans raison sur tous les groupes qui touchent du doigt le succès: les couvertures de Tsugi vous convaincront du contraire. D’ailleurs, si Flume hérite de la tant prisée rubrique bouse de ce numéro, le niveau de son second album, Skin, est loin d’atteindre les nouveaux standards abyssaux établis récemment par le dévastant Junk de M83 voire le penaud Mirage de Digitalism. On pourrait même ajouter que le successeur de Flume, premier album homonyme sorti en 2012, démarre de manière fort agréable, avec le puissant « Helix » et le plus pop « Never Be Like You », dans la tradition établie par le chef de file du future beat : des beats hip-hop, avec des inspirations house, R&B et pop. Pourtant si l’on peut apprécier la puissance de frappe dévastatrice de Harley Edward Streten (son nom à la ville), le maximalisme de Skin manque vite de finesse. Sur le format, l’album est comparable aux productions des gros crossovers électronique et pop de ces dernières années, comme le récent album d’Hudson Mohawke ou ceux de Disclosure, un mélange de collaborations vocales pop et d’instrumentaux qui visent plus souvent les clubs. Manque de pot, Flume n’a ni le chapelet de tubes du premier disque des frères Lawrence ni la diversité salutaire du Lantern de l’Écossais. Côté collaborations, les vocalistes invitées semblent franchement interchangeables tant elles manquent de caractère. Plus intéressant, Flume invite Vic Mensa et Vince Staples, mais sans parvenir à offrir aux deux rappeurs des terrains d’expression réellement passionnants. Reste les instrumentaux, où Flume oscille entre le sous-Rustie (« Free ») et les influences trap périmées (« Wall Fuck »). Si dire que tout est à jeter dans ce Skin serait une exagération, la déception est grande. (François Blanc)
Skin (Future Classic/PIAS), sorti le 27 mai.