đź“Š La formule : qu’attendre du prochain album de Kavinsky
Huit ans après Outrun pour le label Record Makers de AIR, Kavinsky a visiblement retrouvĂ© sa paire de Wayfarer, ses gants de cuir et son blouson rouge en postant sur ses rĂ©seaux sociaux un mystĂ©rieux visuel frappĂ© de la formule « reborn : the story goes on ». Ă€ l’approche de son grand retour, et en l’absence du moindre single Ă se mettre sous la dent, on a essayĂ© de dĂ©crypter l’ADN de l’une des plus grosses motorisations de la French Touch 2.0, en s’imaginant quels dĂ©cors sa belle Testarossa rouge voudrait traverser après toutes ces annĂ©es d’absence.
Article originellement Ă©crit le 2/09/21
Mise Ă jour 19/11/21 : le premier single « Renegade » vient de tomber, avec le clip qui arrive dans l’après-midi. Premier extrait de l’album Reborn, deuxième long format du zombie français dont on ne sait toujours pas la date de sortie officielle, le titre a Ă©tĂ© enregistrĂ© au studio Motorbass et produit en collaboration avec Gaspard AugĂ© de Justice (impossible de ne pas y entendre sa patte avec ces accords « justiciens » et cette montĂ©e de notes au piano sur le quatrième temps) ; Victor le Masne, partenaire de studio d’AugĂ©, surtout sur son album solo ; et la voix de Cautious Clay qui, dans son traitement sonore, sonne comme un SebastiAn. Globalement, on reste sur de la lenteur en termes de tempo (c’est d’ailleurs exactement le mĂŞme que « Nightcall », 90 bpm) pour garder cette ambiance de road trip nocturne, propre Ă Kavinsky. Ă€ la première Ă©coute, difficile de ne pas l’aimer tant chaque Ă©lĂ©ment est formatĂ© dans ce but, ce qui est Ă la fois sa plus grande force et son plus grand dĂ©faut.
46% de Hotline Miami
DĂ©zinguer de l’ennemi en vue du dessus, c’est bien. Le faire sur fond d’Ă©lectro-clash dopĂ©e aux synthĂ©s façon John Carpenter, c’est mieux. Voici la recette simple mais terriblement efficace de la saga de jeux vidĂ©o Hotline Miami, dont la bande-son a Ă©tĂ© cuisinĂ©e par Carpenter Brut et Perturbator, deux entitĂ©s avec lesquelles Kavinsky partage un goĂ»t certain pour les claviers saturĂ©s et un rĂ©trofuturisme Ă©nervĂ© parfait pour les bagarres façon John Wick 3. Et vous savez quoi ? Le studio Devolver a annoncĂ© il y a peu un troisième opus de son dĂ©fouloir en 2D, quelques semaines seulement avant que Vincent Belorgey ne tease son retour aux affaires. Vous avez dit coĂŻncidence ?
7% d’Ed Banger
Tout le monde veut croquer dans le mojo de Pedro Winter en 2021 : il signe de parfaits inconnus et les fait remixer par Omar-S (Mad Rey), il s’offre le gĂ©nial producteur helvète Varnish la Piscine, et il a dans son catalogue le produit de l’étĂ© 2021 (le Born a Loser de Myd). Tant et si bien qu’au moment oĂą l’on pensait la structure parisienne bonne pour les livres d’histoire de la French Touch, celle-ci retrouve sa place au sommet de la pyramide du cool. Et parce qu’il est parfois bon d’avoir tort, on a bien envie de croire que Kavinsky est plus qu’un produit avariĂ© juste bon Ă cachetonner sur son tube « Nightcall », et qu’il est capable de mettre les contrepieds oĂą il veut – c’est-Ă -dire dans nos gueules.
12% de Tesla
En ces temps d’électrification inexorable du parc automobile, la rutilante Ferrari Testarossa insĂ©parable des visuels de Kavinsky ne fait plus l’effet bĹ“uf (voire beauf) d’autrefois, quand on voulait se convaincre que le rĂ©chauffement climatique n’Ă©tait qu’un fantasme de romancier SF. Mais voilĂ : on a bien envie de croire que, sous le capot de Kavinsky, il y a ce dĂ©sir non-assouvi de dessiner un futur qui vrombit Ă travers les rues de Paris ou L.A. sans Ă©mettre de CO2. Ou tout du moins de proposer quelque chose de moins poussiĂ©reux que les sonoritĂ©s cheesy et les guitares hard rock de son premier opus, histoire de nous dĂ©montrer que ce n’est pas toujours dans les vieux pots (d’Ă©chappement) qu’on fait les meilleures soupes.
35% de Marvel Cinematic Universe
On ne le cache pas : on n’est pas insensible Ă l’univers de Kavinsky, son look de superhĂ©ros Marvel, ses rĂ©fĂ©rences Ă la pop culture et ses synthĂ©s tout droit sortis d’une dĂ©cennie oĂą U2 Ă©tait encore un groupe frĂ©quentable. Davantage que sa musique, c’est toujours ce cĂ´tĂ© cool sur papier glacĂ© qui nous a attirĂ© dans ses griffes et qui, mĂŞme si ça restait Ă l’Ă©chelle de quelques titres, rĂ©ussissait Ă nous faire rĂŞver et Ă rĂ©veiller le kid en nous. Et après autant d’annĂ©es d’absence, voilĂ comment on s’imagine le retour aux affaires de Kavos : comme un pur produit de l’industrie MCU avec ses grosses ficelles, ses cascades qui dĂ©fient l’entendement, et son inĂ©vitable happy ending.