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23 juillet 2021

🥊 Fight Club : le nouvel album de Darkside, pour ou contre ?

par Tsugi

Un album, deux avis. Aujourd’hui sur le ring, le nouvel album du duo Darkside, Spiral. Fight !

Article issu du Tsugi 142 : MUSIQUE & DROGUE, histoires stupéfiantes, en kiosque et en ligne.

Pour dire du mal de Darkside, l’idéal serait de commencer en les présentant comme un jam band, mélangeant cordes et machines. Pour en dire du bien, l’idéal serait de les présenter de la même manière. Car il est difficile de trouver une description plus fidèle du duo formé par Nicolas Jaar et le multi-instrumentiste Dave Harrington. Il faut dire que l’intérêt principal du projet, en particulier en live, vient de leur capacité à improviser et se répondre. On est d’ailleurs heureux de retrouver la voix du musicien chilien sur ce deuxième album, lui qui s’était fait de plus en plus discret au fur et à mesure qu’il augmentait les BPM sous son patronyme d’Against All Logic. Mais cette forme d’omniprésence de Jaar est en trompe-l’œil, tant elle semble dissimuler la place grandissante prise par Dave Harrington et ses expérimentations. Preuve, s’il en fallait, que sa basse, notamment, ne se limite jamais à n’être qu’un simple accompagnement et vient affirmer son statut de musicien d’improvisation. Tourné vers le spirituel, Spiral nous entraîne dans un univers peuplé de figures prophétiques (le docteur de « Lawmaker ») et de métaphores (« Liberty Bell »). De quoi en faire un tout dont l’écoute est plus appréciable lorsqu’elle est égoïste. Spiral invite tellement à l’introspection qu’il est impossible de partager la profondeur de son expérience sonore. Chose rare pour un jam band, qui aurait pu avoir tendance à s’égarer dans des circonvolutions boursouflées et inutiles, on ne trouve pas ici un seul morceau qui pourrait passer pour superflu. Chaque titre se suffit à lui-même, et parvient à s’inscrire dans un grand tout cohérent et ambitieux. Chapeau.

Valentin Allain

 

Quand Nicolas Jaar a-t-il commencé à nous gonfler ? L’honnêteté nous pousse à répondre : très vite. Pourtant, il y a dix ans pile, la découverte du magistral Space Is Only Noise fut un choc musical. La révélation d’un univers particulier, où le producteur d’origine sud-américaine malaxait dans la lumière références free-jazz, electronica et abstract hip-hop. Depuis, il n’a jamais cessé de nous ennuyer, confondant souvent ambition et prétention. Mais soyons justes. Il y eut quand même au milieu de la dégradation de nos rapports une parenthèse enchantée : la sortie en 2013 de Psychic, premier album du projet Darkside, imaginé en collaboration avec Dave Harrington. Comme si la présence d’un tiers dans le studio faisait dégonfler (un petit peu) la tête du fils d’Alfredo, célèbre architecte chilien. Nouvelle preuve très récemment avec le remarquable premier essai de Buzzy Lee, auquel Jaar a brillamment apporté une touche « scientifique». Donc logiquement l’annonce d’un second Darkside a (presque) soulevé notre enthousiasme. Qui s’est vite retrouvé douché à l’écoute de ce pensum aux contours parfois new ageux, comme en témoigne l’ouverture « Narrow Road », avec son riff de guitare aigrelette qui porte sur les nerfs. Dépourvu de toute spontanéité, le duo se regarde diffuser son robinet d’eau tiède mi-ambient-folk, mi-electronica. Avec comme seul effet de provoquer de multiples bâillements devant l’enchaînement de tempos systématiquement cotonneux au milieu desquels viennent se noyer la voix vaseuse de Jaar et ses encombrantes parties de six cordes progressives. Quand le rythme s’anime un peu, la paire arrive à nous sortir de notre torpeur et une inventivité moins nombriliste s’empare de certaines compositions, on se met à imaginer les contours radieux de ce qu’aurait pu être cet album. Avec des « si »…

Patrice Bardot

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