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Le Social Club, il y a bien longtemps... / ©Zone
23 décembre 2021

đŸ•ș💃 Ma premiĂšre fois en club : les artistes racontent (ep. 3)

par Sylvain Di Cristo

Et rebelote pour les clubs, les voilĂ  qu’ils sont Ă  nouveau fermĂ©s temporairement. Une fois encore, il nous reste toujours les souvenirs qu’on a de ces moments passĂ©s Ă  l’intĂ©rieur. Et parmi ces souvenirs, il y en a un plus mĂ©morable que les autres, c’est celui de sa premiĂšre fois. Qu’elle soit au Berghain Ă  19 ans pour Cassie Raptor, dans une rave allemande Ă  12 ans pour Matthias Zimmermann ou dans « un de ces clubs de vacances en bord de mer de mauvais goĂ»t » dans les annĂ©es 80 pour JPYE, la premiĂšre fois est toujours une sacrĂ©e histoire, qu’artistes ou personnalitĂ©s ont bien voulu nous raconter.

 

Cassie Raptor : « Comme une porte qui s’ouvre vers un autre monde. »

Ma premiĂšre vraie fois en club, j’avais 19 ans et c’Ă©tait au Berghain. Avant ça, j’avais dĂ» passer ma tĂȘte deux ou trois fois en club, mais c’était dans de petites boĂźtes nulles de Nice dont je ne me rappelle mĂȘme pas le nom. Au Berghain, je suis vraiment tombĂ©e amoureuse de la techno. Avant, je ne connaissais pas ce milieu de la nuit et j’en avais peur, c’était quelque chose qui Ă©tait pas mal diabolisĂ© dans ma famille parce que je viens d’un petit village paumĂ©, on a eu Internet aprĂšs tout le monde. Je suis arrivĂ©e Ă  Paris Ă  18 ans, Ă  fond dans les Ă©tudes, et c’est Ă  19 ans qu’une pote m’a dit : « Viens, on se fait un voyage de deux semaines Ă  Berlin. » Moi j’étais trop chaude, parce que j’adore l’Allemagne et j’adore l’Allemand. LĂ -bas, je sentais qu’elle avait un peu la bougeotte et on a fini par aller en club la veille de notre retour. Dans la queue, j’avais vraiment peur. Je me disais : « Oula, qu’est-ce que c’est que cette histoire ! » J’ai rĂ©visĂ© mes trois mots d’allemand pour les redonner Ă  l’entrĂ©e, et j’ai rĂ©ussi, c’est passĂ© nickel. DĂšs la fouille, je me suis pris une grosse claque, quand j’ai vu ces grosses colonnes de bĂ©ton. En bas, j’étais ailleurs, choquĂ©e par l’architecture et la maniĂšre dont le son pĂ©nĂ©trait le corps, de la techno Ă  balle qui rebondissait partout sur les murs. Depuis ce jour, je prĂ©fĂšre jouer dans des lieux clos, en bĂ©ton brut, oĂč t’es lĂ  pour en dĂ©coudre avec la musique. J’ai donc passĂ© la soirĂ©e collĂ©e au caisson de basse et c’était ma premiĂšre perche de son. On y est restĂ©es seulement quatre ou cinq heures – ce qui Ă©tait assez frustrant –, juste le temps de cette rĂ©vĂ©lation, avant que ma pote ne vienne me chercher en disant : « Allez, on a un avion Ă  prendre, on y va. »

Cette soirĂ©e, c’était beaucoup d’informations d’un coup. Tu vois les gens faire ce qu’ils veulent. C’est sĂ»r qu’il y avait des choses que je n’avais jamais vues ni expĂ©rimentĂ©es avant, que ce soit dans la musique mais aussi dans le charnel, la libĂ©ration des corps, la sexualitĂ©. J’aurais pu mal le digĂ©rer mais comme il y avait une bonne vibe, un respect mutuel, un consentement, j’ai surtout vu ça comme une porte qui s’ouvre vers un autre monde. À partir de ce moment-lĂ , j’ai vraiment commencĂ© Ă  sortir en teuf, mĂȘme seule parce que je me sentais bien dans cet environnement. Je n’y allais pas pour un line-up mais pour sortir et retrouver cette ambiance. D’ailleurs, je n’ai aucune idĂ©e de qui jouait au Berghain ce soir-lĂ . C’était ma pote qui avait tout gĂ©rĂ©, je m’Ă©tais laissĂ©e guider et elle a eu raison de me forcer la main, merci Ă  elle ! À l’époque, j’écoutais surtout du metal indus, mais aprĂšs cette soirĂ©e, j’ai cherchĂ© Ă  bosser dans la techno en devenant DJ, puis en allant au cƓur de la musique en produisant. Bien sĂ»r, ça m’a pris du temps de pouvoir considĂ©rer ce monde-lĂ  comme un vrai plan de vie et d’épanouissement professionnel, mais tout est parti de lĂ .

Le track de l’artiste qui symbolise ce moment :

 

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Ma premiĂšre fois en club : les artistes racontent (ep. 1)
Ma premiĂšre fois en club : les artistes racontent (ep. 2)

 

Matthias Zimmermann : « AprĂšs cette pause, le premier morceau qu’il a mis, c’était “Da Funk”. »

Grandir dans la campagne allemande, dans un village de moins de 1 000 habitants Ă©loignĂ© d’une heure de voiture de la prochaine ville, ce n’est pas vraiment ce qui s’appelle grandir au cƓur de la culture nocturne. Pourtant, au milieu des annĂ©es 90, mĂȘme les coins les plus perdus d’Allemagne s’Ă©taient pris cette inarrĂȘtable vague techno et house. L’excitation, le mystĂšre, le dĂ©sir que ce nouveau lifestyle offraient, se propageaient partout, y compris en dehors des mĂ©tropoles. À tel point qu’un nombre Ă©norme de disquaires ouvraient dans des endroits absurdes : je me souviens qu’en 1997, dans la ville de 30 000 habitants dans laquelle je faisais mes Ă©tudes, on avait au moins six disquaires, dont quatre spĂ©cialisĂ©s en techno et house – je vous laisse mĂ©diter sur le ratio. Sans parler des raves amateurs dans des lieux farfelus qui sont vite devenues la prioritĂ© absolue de tous les apprentis DJs.

En 1995, j’ai fait ma premiĂšre « rave ». J’avais 12 ans. C’Ă©tait dans une clairiĂšre. Des potes plus ĂągĂ©s que moi avaient installĂ© ce qui Ă©tait alors pour moi le sound system le plus puissant que je n’avais jamais entendu, du genre Ă  faire mourir de peur toute forme de vie alentour. C’Ă©tait une soirĂ©e ensoleillĂ©e de la fin de l’Ă©tĂ©. Le DJ qui s’occupait du warm up jouait des trucs variĂ©s qui allaient du trip-hop genre Chemical Brothers, de la DnB de Doc Scott, et mĂȘme du rap avec des morceaux d’Ol’ Dirty Bastard. J’Ă©tais fascinĂ© par les vibrations du son qui transperçaient mon corps comme jamais auparavant. Mais le vrai choc vint juste aprĂšs, une fois que le DJ suivant prit les platines, aprĂšs une pause, crĂ©ant un moment de silence. Ça ne surprendrait plus grand monde aujourd’hui, certains lĂšveront mĂȘme les yeux au ciel, mais ça s’est passĂ© comme ça pour moi et je ne peux rien y changer : aprĂšs cette pause, le premier morceau qu’il a mis, c’Ă©tait « Da Funk » de Daft Punk, et – comme moi – la majoritĂ© des teufeurs qui Ă©taient devant ce sound system l’entendaient pour la premiĂšre fois. Ça a frappĂ© la foule comme un tremblement de terre, et on commença Ă  observer les rĂ©actions de chacun, les yeux Ă©carquillĂ©s par la surprise. Ça a tout changĂ© pour moi. AprĂšs 45 minutes de set, le DJ se mit Ă  jouer sa face B [soit « Rollin’ & Scratchin' », ndr] et les choses se sont emballĂ©es, comme vous pouvez l’imaginer. Plus tard dans le set, j’y ai dĂ©couvert le track de Dave Clarke « Southside » et celui de Joey Beltram « Game Form », qui m’ont laissĂ© la mĂȘme impression de stupĂ©faction.

Quand j’ai finalement reçu l’album Homework le jour de mon quatorziĂšme anniversaire en 1997, je l’ai Ă©coutĂ© dans ma chambre au moins trois fois d’affilĂ©e, avec ma mĂšre qui y rentrait plusieurs fois, totalement perplexe. Les invitĂ©s, dans le salon, s’Ă©taient rĂ©unis pour couper mon gĂąteau, mais aucune chance pour que j’y aille, j’avais d’autres choses plus importantes Ă  faire maintenant.

Le track de l’artiste qui symbolise ce moment :

 

Roni : « J’ai le FOMO alors mĂȘme que je suis dans la soirĂ©e. »

J’étais dĂ©jĂ  allĂ©e de nombreuses fois en club avec ma mĂšre (depuis mes 12 ans Ă  vrai dire), mais jamais sans elle. Ce soir-lĂ , je dois ĂȘtre en seconde, j’ai 16 ans et ça fait quelques temps que j’entends parler des soirĂ©es Open House Ă  l’ElysĂ©e Montmartre. Je dis Ă  une copine qu’on doit absolument y aller. À l’époque, je vis en banlieue, et je dois prendre le RER Ă  minuit pour ne pas arriver trop tĂŽt. Anvers, c’est lĂ  qu’on descend. Il va falloir passer l’épreuve du feu pour pouvoir entrer. Se donner des allures sĂ»res de soi, des allures d’adultes. Je n’ai pas pris de piĂšce d’identitĂ© exprĂšs pour avoir un mensonge de moins Ă  faire si toutefois on me la demande (car je mens trĂšs mal). Je n’aurais qu’Ă  dire « je ne l’ai pas ». Ici, se joue un coup de poker contre la vie. À cet Ăąge-lĂ , quand tu t’engages dans la file d’attente, tu joues le tout pour le tout. Si tu te fais recal’, c’est la merde car tu dois attendre dans la rue jusqu’Ă  6h du matin et le premier RER. « Bonsoir, vous ĂȘtes combien ? » Le physio s’appelle Fred, il deviendra un ami plus tard, mais en ce moment il a juste l’air d’un gars beaucoup trop cool et dĂ©tient sur moi un droit de vie ou de mort. Je retiens ma respiration en rĂ©pondant « deux ». Il nous fait un sourire en coin et nous tend des tickets boissons. « Merci, bonne soirĂ©e ». On fait les meufs pas trop surprises, on prend nos tickets et on entre en se pinçant les lĂšvres…

La piĂšce est Ă©lectrique, il y a des gens de tout Ăąge, des looks de toute sorte, ça clope, ça boit, ça danse, et ça se frotte dans les coins. Je m’enfonce dans la foule, j’ai envie d’ĂȘtre au cƓur du truc, de trouver ma place. Je ne fais que danser sur cette house qui me prend au ventre, j’ai des talons beaucoup trop hauts qui me font mal aux pieds mais je m’en tape. Je danse le sourire aux lĂšvres et la clope au bec. Je souris Ă  tous les regards que je croise, et je bois pas mal. Ce que j’adore avec cet endroit, c’est la hauteur sous plafond et la maniĂšre dont la musique sonne. Ça vibre super fort, je me sens comme une poussiĂšre faisant partie d’un grand tout oĂč je peux ĂȘtre qui je veux. Chaque seconde que je passe Ă  me dĂ©placer hors du dancefloor – pour aller aux toilettes ou au bar – me donne l’impression de rater quelque chose. J’ai le FOMO alors mĂȘme que je suis dans la soirĂ©e.

On finit en after au Kit Kate le dimanche matin. Ça dĂ©gueule de monde du sol au plafond. Il est 9h du matin, j’ai 16 ans et je suis choquĂ©e. En pleine contemplation, je ne sais pas si ce que je vis est cool ou totalement fou. C’est l’un de ces moments quand t’es jeune oĂč tu te demandes si tu es en danger ou si tu peux te laisser aller. Je vois un gars sauter par dessus les canapĂ©s qui dĂ©limitent l’espace VIP puis prendre l’air normal de celui qui n’a rien fait. Je le regarde sans trop savoir quoi faire. Il me dit : « À cette heure-ci, on est tous des sardines grillĂ©es. » Je ne sais pas quelle heure il est, j’ai juste oubliĂ© le monde, le temps, je fais l’expĂ©rience du bonheur absolu, celui de l’instant prĂ©sent. Je me fais tabasser la tĂȘte et j’adore ça.

Le track de l’artiste qui symbolise ce moment :

 

PotĂ© : « Je voulais juste ĂȘtre dans la foule, devant les subs avec la basse et les vibrations dans ma poitrine. »

Je devais avoir 16 ou 17 ans, c’Ă©tait vers 2011 donc la dubstep Ă©tait vraiment le gros truc de l’époque. C’était Ă  Londres, au Cable, une salle qui n’existe plus. Je ne crois pas que j’avais dit Ă  mes parents oĂč j’allais, je leur ai juste dit que j’étais avec des amis et ça ne les dĂ©rangeait pas. Mes mentors et amis du collectif Dubfreaks y jouaient ce soir-lĂ . Parce que je n’étais jamais allĂ© Ă  des concerts auparavant, cette soirĂ©e Ă©tait la premiĂšre fois oĂč je voyais une foule de gens qui dansent et c’est vraiment la premiĂšre chose qui m’a frappĂ© : l’unitĂ© qui animait la salle. Quand je sortais au dĂ©but, dans des raves dubstep, je ne buvais pas et en y repensant, ça me parait fou, l’idĂ©e d’aller quelque part pour danser seul, de 21h jusqu’au dernier track Ă  6h sans une goutte d’alcool, c’était naĂŻf et en mĂȘme temps tellement beau. Si j’y allais, c’était purement pour la musique. Dans la soirĂ©e, j’ai entendu des chansons comme « Jahova » de Rusko que j’écoutais sur YouTube, ou que je mettais chez mes potes durant ce qui avait semblĂ© ĂȘtre toute mon adolescence. D’entendre ces bangers sur un vrai systĂšme son et de voir les rĂ©actions, c’était impressionnant et ça m’a renforcĂ© dans l’idĂ©e de devenir DJ ou musicien. C’était une expĂ©rience tellement rafraĂźchissante !

J’aurais pu ĂȘtre backstage avec mon ami mais je n’étais pas lĂ  pour me faire voir, j’étais juste lĂ  pour le son et si j’y Ă©tais allĂ© je me serais probablement ennuyĂ©. Je voulais juste ĂȘtre dans la foule, devant les subs avec la basse et les vibrations dans ma poitrine. Pour moi, la musique Ă©tait la seule raison d’aller clubber, pour repartir avec les oreilles qui sifflent. À cette soirĂ©e, j’ai quand mĂȘme dĂ» croiser des types que je connaissais de loin, ou des gens avec qui je discutais en ligne, parce qu’il y avait une Ă©norme communautĂ© de gens de mon Ăąge qui Ă©coutaient et qui produisaient de la dubstep pour ensuite la partager en ligne. Le public consistait donc principalement d’adolescents complĂštement fous. C’était une pĂ©riode assez rebelle pour les gens de ma gĂ©nĂ©ration, sur cette scĂšne. On s’était Ă©cartĂ© de la musique qu’on Ă©coutait en grandissant, principalement parce qu’on saturait du rap. Le genre Ă©tait devenu ennuyeux et rĂ©pĂ©titif dans les thĂšmes, dans les sonoritĂ©s. Ce nouveau son, le son dubstep, nous a fait accrocher parce qu’il ne respectait pas les codes, que cela soit dans la structure, la production et les sonoritĂ©s : c’était complĂštement rĂ©volutionnaire.

Le track de l’artiste qui symbolise ce moment :

 

JPYE : « Ces clubs de vacances en bord de mer de mauvais goĂ»t Ă©taient totalement faciles d’accĂšs pour les enfants, nous avions environ 15 ans ! »

Mon premier club c’Ă©tait, je crois, en 1987. Je ne me souviens pas exactement de quel club il s’agissait mais c’Ă©tait un de ces clubs de vacances en bord de mer de mauvais goĂ»t avec un DJ qui dit souvent des bĂȘtises au micro et qui offre des cigarettes ou de l’alcool en promotion. C’Ă©tait soit sur la CĂŽte d’Azur oĂč j’ai grandi, soit sur la cĂŽte ouest de la France, au nord de La Rochelle. Je garde de trĂšs bons souvenirs de ces clubs. Aujourd’hui, la culture des clubs est boudĂ©e par les millennials et la plupart d’entre eux la considĂšrent comme « has been » depuis l’invention des applications de rencontre, mais contrairement Ă  la croyance populaire, ces clubs ne servaient pas uniquement Ă  flirter. Ce dont je me souviens surtout, c’est que nous passions un bon moment, en apprĂ©ciant la musique et en Ă©tant stupides. La musique Ă©tait vraiment enivrante, avec de la pop synthĂ©tique, de la new wave et la sublime dance mainstream des annĂ©es 80 que nous n’appelions plus « disco », avec des artistes comme Prince, Michael Jackson et Madonna Ă©videmment. Ces clubs Ă©taient totalement faciles d’accĂšs pour les enfants, nous avions environ 15 ans ! Pas de file d’attente, le videur ne demandait rien, il disait gĂ©nĂ©ralement bonjour et nous dirigeait vers la caisse pour payer les 50 francs qui comprenaient une boisson diluĂ©e Ă  l’eau. Les clubs de Paris Ă©taient totalement diffĂ©rents. Quelques annĂ©es plus tard, alors que j’avais environ 17 ans, j’ai rĂ©ussi Ă  passer devant Jenny Bel’Air, la videuse culte du Palace. On m’a refusĂ© l’entrĂ©e Ă  plusieurs reprises, mais ce jour-lĂ , un ami gay la connaissait et je suis entrĂ© avec lui. Iggy Pop Ă©tait lĂ , cela donnait un sentiment de « Gimme Danger » Ă  un fan des Stooges comme moi. Ce n’Ă©tait plus l’Ăąge d’or du club, Guy Cuevas n’Ă©tait plus le DJ et l’Ă©pidĂ©mie de SIDA faisait des ravages, mais je suis heureux d’avoir connu au moins une fois ce club mythique.

Le track de l’artiste qui symbolise ce moment :

 

Sunareht : « À partir de lĂ , j’ai voulu que mes tracks fassent danser les gens comme j’aurais pu, moi, danser dans ce club. »

J’ai essayĂ© plusieurs fois d’aller au Social Club, parce qu’il y avait une lĂ©gende qui disait qu’on pouvait y entrer mĂȘme si on n’était pas majeur. J’ai donc essayĂ© d’y aller entre mes 16 et mes 18 ans et je me suis fait recaler, bien Ă©videmment, Ă  chaque fois. On avait mĂȘme essayĂ© avec des filles qui nous disaient que pour elles, ça marchait, mais aucun d’entre nous n’a rĂ©ussi. Plus tard, j’étais en couple avec une fille qui Ă©tait un peu plus jeune que moi, j’ai donc attendu qu’elle soit majeure pour qu’on y aille ensemble, on avait tous les deux 18 ans. Il y avait cette soirĂ©e qui s’appelait Shake Dat Ass avec Kaptain Cadillac et Marvy Da Pimp qui avaient invitĂ© Mumdance. À la base, j’y allais parce que je connaissais les morceaux de Kaptain Cadillac, il faisait des trucs un peu booty que j’avais bien kiffĂ©s. Moi, j’écoutais surtout des trucs un peu plus expĂ©rimentaux en musique Ă©lectronique, du style Aphex Twin ; la club music est venue plus tard. Ce soir-lĂ , je me rappelle surtout du set de Mumdance qui m’a retournĂ©. Je me suis dit : « Wouah, c’est qui ce gars, c’est trop ouf ! » J’y Ă©tais allĂ© comme si j’allais Ă  un concert, mais de voir autant de gens rassemblĂ©s par la musique, par la danse, ça m’avait vraiment beaucoup plu ; l’impact du son sur le corps, l’ambiance, la sueur des gens…

On n’est pas partis trop tard car ma copine voulait rentrer, mais pas moi. On a fini par le faire, mais ça m’avait piquĂ© : j’ai vraiment suivi Mumdance de prĂšs et tout ce qu’il a fait par la suite, ça m’a ouvert Ă  d’autres choses musicalement. C’était une soirĂ©e vachement marquante. AprĂšs cette premiĂšre fois, j’ai commencĂ© Ă  aller au Social dĂšs que je le pouvais, d’abord avec cette fille avec qui j’étais Ă  l’époque, puis ensuite seul. J’ai fait une grosse session de clubbing solitaire entre 2010 et 2012, oĂč j’allais au Social toutes les semaines, tout seul, aussi bien quand je connaissais les artistes que lorsque je ne les connaissais pas. Je savais que si j’allais au Social en semaine, ce serait forcĂ©ment cool et que je dĂ©couvrirais un truc bien. Je produisais dĂ©jĂ  un peu avant ça, mais ces premiĂšres soirĂ©es ont vraiment changĂ© l’approche que j’avais de la production musicale. Cette expĂ©rience m’avait donnĂ© envie de faire un album-concept alors que je venais Ă  peine de m’y mettre (c’était vraiment pas ouf (rires)). Le fait d’aller en club, ça a rendu ma musique
 plus club, tout simplement. Je veux dire qu’Ă  partir de lĂ , j’ai voulu que mes tracks fassent danser les gens comme j’aurais pu, moi, danser dans ce club.

Le track de l’artiste qui symbolise ce moment :

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