Chronique : Chad Vangaalen – Shrink Dust
Pour qui ne connaît pas la noirceur insondable de l’univers de l’indispensable songwriter canadien Chad Vangaalen, le morceau d’ouverture de son cinquième album, “Cut Off My Hands”, sert de bouleversante introduction à son œuvre. “Cut off both my hands and threw them in the sands” (“j’ai coupé mes deux mains et les ai jetées dans le sable”) entame-t-il, à bout de force semble-t-il, sur une ballade folk assommante de beauté noir jais et de dépouillement, mettant en valeur sa voix chevrotante inimitable.
On y croise aussi le psychédélisme d’outre-tombe qui fait le charme de celui qui est aussi brillant dessinateur. Ailleurs ses chansons taciturnes errent entre garage-rock très lo-fi et ballades au blues décharné, avant que Shrink Dust ne se termine comme il avait commencé, sur une bluette folk terrassante, “Cosmic Destroyer”. Tout au long de ces douze pistes, le compositeur de Calgary nous emmène nonchalamment à la rencontre de ses amis les monstres, des plus laids aux plus gentils, et développe une bande originale pour conte glauque en même temps qu’un univers décidément à part. Il mériterait une reconnaissance tellement plus grande que celle dont il jouit aujourd’hui. (François Blanc)
Shrink Dust (Sub Pop/Pias)