đșđ Ma premiĂšre fois en club : les artistes racontent (ep. 1)
Tous les Ă©tablissements ont rouverts. Tous ? Non, les clubs et discothĂšques de France patientent encore et toujours Ă cause du Covid-19 et le temps se fait long, trĂšs long. Alors quoi nous mettre sous la dent en attendant cette rĂ©ouverture en juillet ? Bien sĂ»r les open airs, heureusement, et les festivals ! Mais aussi les souvenirs des meilleurs moments que l’on a passĂ©s dans ces salles sombres. Parmi ces souvenirs, il y en a un plus mĂ©morable que les autres, c’est celui de sa premiĂšre fois. Qu’elle soit au Panorama Bar pour ThĂ©o Muller ou au Trendy de Tournai pour Le Vrai Michel, la premiĂšre fois est toujours une sacrĂ©e histoire, qu’artistes ou personnalitĂ©s ont bien voulu nous raconter.
Vitalic, l’An-Fer de Dijon et l’arrĂȘt du trombone
La premiĂšre fois que je suis rentrĂ© dans un club câĂ©tait au tout dĂ©but des annĂ©es 90 Ă lâAn-Fer de Dijon, club mythique qui a crĂ©Ă© de nombreuses vocations. JâĂ©tais au lycĂ©e en seconde et notre petit groupe technoĂŻde a mis du temps avant de pousser la porte du club, entre crainte et excitation, tant la rĂ©putation du lieu Ă©tait sulfureuse. Une fois le dancefloor rempli, câĂ©tait strob et fumĂ©e Ă fond, sans discontinuer jusquâĂ la fermeture. Nous sommes vite rentrĂ©s dans une sorte dâivresse due aux flashs du stroboscope et aux BPMs. CâĂ©tait complĂštement fou, le public Ă©tait trĂšs mĂ©langĂ©, bienveillant et festif.
« Jâai eu la sensation de vivre quelque chose dâincroyable, que le monde nâexistait plus et que nous Ă©tions les 500 derniers humains sur Terre. »
CĂŽtĂ© musique, c’Ă©tait essentiellement de la trance et de lâacid. Jâai eu la sensation de vivre quelque chose dâincroyable, que le monde nâexistait plus et que nous Ă©tions les 500 derniers humains sur Terre, Ă sauter et hurler dans nos vĂȘtements trempĂ©s de sueur. Ă la fermeture, jâai su que câĂ©tait ça que je voulais faire â Ă©crire cette musique. Le lendemain, comme tous les samedis matins, ma mĂšre a poussĂ© la porte de ma chambre pour me rĂ©veiller et m’emmener Ă mes cours de musique. Je lui ai dit en deux phrases lapidaires : « JâarrĂȘte le trombone. Câest fini ! » Jâai dĂ» ĂȘtre convaincant car elle a refermĂ© la porte en silence et nous nâen avons plus jamais reparlĂ©. Plus tard, elle mâoffrait un Roland Alpha Juno-1 et le trombone, lui, est restĂ© pour toujours dans son Ă©tui.
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đșđ Ma premiĂšre fois en club : les artistes racontent (ep. 2)
Le vrai Michel, les boĂźtes c’est pas son truc, jusqu’au bar/club Le Trendy de Tournai
Jâhabite CondĂ©-sur-l’Escaut, une petite commune du Nord de la France, ville fleurie avec trois fleurs sur le panneau, ce qui est dĂ©jĂ pas mal. Jâai 16 ans, jâaime le foot, lâItalie, les jeux vidĂ©os et voir mes potes, comme tout ado qui se respecte. Dans mon imaginaire, je dĂ©teste les clubs, un lieu public qui pue la fumĂ©e et la transpi, qui tambourine du gros son que je dĂ©teste, des gens alcoolisĂ©s Ă la mort… Pour un Ă©mĂ©tophobe comme moi, câest pas si simple, et câest pas les recommandations de ma grande sĆur Laura qui vont me faire flancher, je dĂ©teste les boites de nuits. Du moins, jusquâĂ ce que ma curiositĂ© de Capricorne deuxiĂšme dĂ©can pointe le bout de son nez…
« Ma premiĂšre impression : quâest-ce que jâfous lĂ ? La deuxiĂšme : les filles sont magnifiques, rien Ă voir avec le lycĂ©e wtfff elles sortent dâoĂč ? La troisiĂšme : jâai vraiment un style de merde. »
On est en juin, ce genre de soirĂ©e chaude quâon aime tant, elles se font rares Ă CondĂ©. Mon cousin SĂ©bastien a eu le permis et roule en Alpha Romeo 157 bleue ciel avec la toiture teinte en noire, il est Lion, comprenez lâexcentricitĂ©… Comme tous les week-ends, on passe du temps ensemble, on fait les magasins mais jâachĂšte rien, parce que de toute façon jâai pas dâargent, mais au moins on sort de chez nous et on se sent adultes. SĂ©bastien a dĂ©jĂ expĂ©rimentĂ© les clubs, il sort beaucoup en Belgique, il y fait ses Ă©tudes dâarchitecture. SĂ©bastien, câest un peu mon grand frĂšre, mon modĂšle, alors quand il me propose de mâemmener pour la premiĂšre fois en club, jâhĂ©site lâespace de 25 secondes et jâme retrouve dans la voiture bleue excentrique. Jâai pas vraiment de goĂ»t pour les fringues, alors je mets une veste quadrillĂ©e bleue achetĂ©e chez CoolCat quelques jours auparavant, jâme sens frais, mais pas trop, faut pas abuser. Il est 23h et il dĂ©cide de mâemmener au « Trendy ». Le Trendy, câest le bar/club branchĂ© de Tournai (jolie ville en Wallonie oĂč jâirai Ă©tudier quelques annĂ©es plus tard (comme SĂ©bastien). Je suis un peu tendu sur la route, jâai franchement peur de me faire recaler, dâaprĂšs ce quâon mâa dit, câest trĂšs sĂ©lectif… Mais le destin a dĂ©cidĂ© que je tomberais en amour pour les clubs parce que ce soir-lĂ , on croise Pietro, un ami de la famille qui a toutes les entrĂ©es de tous les clubs du secteur, le gros bg avec qui toutes les filles veulent repartir, câest lui, et lui il touche quatre mots au videur et on se retrouve Ă lâintĂ©rieur. Vous voulez connaĂźtre ces quatre mots ? « Ils-sont-avec-moi ».Â
Ma premiĂšre impression : quâest-ce que jâfous lĂ ? La deuxiĂšme : les filles sont magnifiques, rien Ă voir avec le lycĂ©e wtfff elles sortent dâoĂč ? La troisiĂšme : jâai vraiment un style de merde. Jâalterne entre Ă©merveillement, gĂȘne, euphorie et sensation de pas ĂȘtre Ă ma place. Je me sens puissant dâĂȘtre dans le club le plus stylĂ© de la ville, et horrifiĂ© en pensant Ă comment ces gens me voient : est-ce que je parais ĂȘtre un Ă©norme ksos ? Câest toujours particulier, la premiĂšre fois. La soirĂ©e se passe, je me dis que finalement la musique que je dĂ©teste, et bien je la dĂ©teste pas tant que ça. Souvenez-vous, je suis Capricorne, donc je suis introverti et observateur, alors forcĂ©ment je nâaborde aucune fille, je me contente de regarder. Mon cousin Lion danse sur le podium et moi je fais le piquet, pour soutenir le podium afin dâĂ©viter quâil ne sâeffondre, peut ĂȘtre ? MalgrĂ© tout, on sâamuse, on reste jusqu’Ă la fermeture, on refait la soirĂ©e sur le chemin du retour, on rentre au levĂ© du soleil et on se quitte, en attendant impatiemment le week-end prochain. Aucune doute, jâsuis amoureux des clubs. Maintenant, il nous reste plus quâĂ espĂ©rer que Pietro, tel un ange sur lâĂ©paule, sera toujours lĂ , prĂšs de nous â€.
u.r.trax, la techno comme habitat naturel
L’Ă©tĂ© 2017 est Ă©minemment mĂ©morable pour moi. J’avais 14 ans, je venais de passer mes Ă©preuves du bac de premiĂšre et j’Ă©tais contaminĂ©e par le merveilleux virus de la techno depuis une bonne annĂ©e. J’en parlais Ă tous mes ami.e.s du lycĂ©e qui me prenaient un peu pour une tarĂ©e. Les rares amateurs de musique Ă©lectronique dans mon entourage Ă©taient plutĂŽt branchĂ©s house ou tech house que gros kicks (avant que je ne les convertisse). Avant mon premier contact avec le club, je me faufilais dĂ©jĂ dans quelques open airs. Mais ce n’Ă©tait pas assez. Alors, le jeudi 6 juillet 2017, avec deux de mes trĂšs proches amis, nous nous rendons d’abord au Wanderlust. On profite avec insouciance d’un doux crĂ©puscule sur fond de house music. La soirĂ©e s’appelait Jeudi OK, queer, super cool. La nuit tombĂ©e, je m’approche des marches qui mĂšnent Ă l’Ă©tage infĂ©rieur, celui des Nuits Fauves. Changement d’ambiance : c’est le « Jeudi Techno ». Pendant que mes amis partent s’acheter un billet, je descends seule les marches.
« Sans le savoir, j’avais enfin rencontrĂ© mon habitat naturel. »
Je dĂ©couvre les lieux avec beaucoup d’excitation. Je suis un peu impressionnĂ©e, mais je dois dire que mon premier sentiment est de me sentir « TRĂS COOL » (rire). J’ai du danser sans relĂąche pendant au moins cinq heures. Ce soir-lĂ , je me suis directement sentie Ă l’aise malgrĂ© mon Ăąge. De nature trĂšs timide, je me suis dĂ©couverte extrĂȘmement sociable et confiante. Peut-ĂȘtre car, sans le savoir, j’avais enfin rencontrĂ© mon habitat naturel : un lieu, loin de tous les clichĂ©s moralisateurs de boomer, oĂč rĂšgne simplement Ă©changes, fun, fusions, dĂ©couvertes. Un lieu qui m’a formĂ©e, qui m’a libĂ©rĂ©e, qui m’a aidĂ©e Ă m’accepter comme je suis et que je n’ai plus quittĂ©. L’ironie de l’histoire, c’est que je me suis retrouvĂ©e Ă y travailler deux ans plus tard en tant qu’accueil artiste au sein de l’Ă©quipe de Jeudi Banco/Jeudi OK. La boucle est bouclĂ©e.
Felixita, beach clubbing à la niçoise, introduction en scred et bain de mer
Câest le dernier Ă©tĂ© avant dâentrer au lycĂ©e. Jâai 15 ans et je fais du secrĂ©tariat comme job d’Ă©tĂ© dans une entreprise de maçonnerie au coin de la rue. Les copains du tierchan se chauffent pour une soirĂ©e genre boĂźte sur la plage. Il faut absolument que jây aille, ça a lâair trop stylĂ©. Tout le monde me dit de venir super bien habillĂ©e, donc je croyais que ça voulait dire mettre mes plus belles Tn, comme dans mon collĂšge Jules ValĂ©ri Ă Nice Nord quoi. Rendez-vous devant le Florida Beach. Dans la file, les BG devant nous parient 50⏠que je rentrerai jamais. Lol, impossible, on est au max avec la team. On arrive et on se fait tej, bien sĂ»r. Mon grand frĂšre passe et me montre un petit passage secret. Il faut se faufiler et escalader en soum. Heureusement que jâavais mes Tn !
« Dans la file, les BG devant nous parient 50⏠que je rentrerai jamais. Lol, impossible, on est au max avec la team. »
Ă lâintĂ©rieur, je retrouve les BG, rĂ©cupĂšre le pactole, mais la vĂ©ritĂ© c’est que je mâennuie Ă mourir sans mes frĂ©rots. Donc je pioche la premiĂšre bouteille derriĂšre le bar et la glisse dans mon jogg. On se retrouve dehors, ils sont tout moisis les pauvres. Je dĂ©gaine la bouteille comme un trĂ©sor mais câest de la tequila au piment. Alors, affamĂ©s comme des loups-garous, avec les pesetas des BG on sâoffre une tournĂ©e de kebabs historique (et pas besoin dâalgĂ©rienne du coup). On a fini dans la mer au lever du soleil, avec un baiser avec le carreleur mĂȘme. CâĂ©tait le dĂ©but.
IrĂšne Dresel, James Holden et l’Ă©criture d’une destinĂ©e
Un samedi soir de juillet, mes copains mâont emmenĂ©e Ă une soirĂ©e Ă laquelle je ne mâattendais pas. Nous sommes partis de chez moi dĂ©guisĂ©s. Perruques pour eux, latex rouge et couronne pour moi. Nous voilĂ en voiture direction le Parc Floral de Paris dans le 12Ăšme arrondissement pour la soirĂ©e « We Love Border Community ». Ă lâĂ©poque, jâĂ©coutais plutĂŽt de la musique expĂ©rimentale islandaise. Nous nous faufilons dans la queue. Mon ami annonce au physio les noms quâil a sur sa liste et voilĂ que nous atterrissons dans un univers complĂštement surrĂ©aliste avec du son tellement lourd, tellement puissant que jâen ai dĂ©jĂ les entrailles soulevĂ©es. Il est minuit, des guirlandes de lumiĂšre inondent tout le parc, il y a un monde fou, câest magnifique et lâexcitation est grandissante. Je croise parmi la foule un ancien chagrin dâamour. Le face Ă face est terrifiant, mon petit cĆur bondit et le choc me fait presque regretter dâĂȘtre venue.
On continue notre avancĂ©e dans ce paradis Ă©veillĂ©, les yeux de plus en plus Ă©carquillĂ©s. Les heures filent Ă toute vitesse. Câest alors que je vis le moment le plus fort de cette soirĂ©e. Les deux bras en arriĂšre accrochĂ©s Ă la rambarde de sĂ©curitĂ©, Ă cĂŽtĂ© du vigile qui me jette des regards alertes, mon corps tout entier reçoit de plein fouet le set de James Holden. Son rythme et ses notes me transpercent littĂ©ralement. Jâai perdu mes amis Ă©parpillĂ©s dans la masse de gens mais je vis pleinement mon expĂ©rience seule au milieu du son. Plus rien nâexiste. Mon corps ne pĂšse plus rien. Mon ĂȘtre tout entier accueille ces mĂ©lodies qui me transcendent. Ma tĂȘte balance. Je ferme les yeux. Les minutes passent. Le set mâemmĂšne pendant un temps indĂ©terminĂ© et se termine en beautĂ©. Je sors, les oreilles bourdonnantes, chamboulĂ©e. Lâherbe pleine de rosĂ©e, le jour est en train de se lever. Jâerre dans le parc et retrouve mes amis comme par magie. La soirĂ©e nâest pas finie.
« Les deux bras en arriÚre accrochés à la rambarde de sécurité, à cÎté du vigile qui me jette des regards alertes, mon corps tout entier reçoit de plein fouet le set de James Holden. »
Direction le Marais Ă Paris oĂč nous dĂ©barquons dans un after. Quelquâun mixe dans le salon de ce grand appartement tout en longueur et je reconnais les notes du morceau qui mâavait bouleversĂ©e quelques heures plus tĂŽt. Je demande quel est le nom de ce track et une petite nana qui dansait rĂ©pond, hystĂ©rique dâadrĂ©naline : « Câest ‘The Sky Was Pink’ de Nathan Fake ! » Relent de souvenirs et dâĂ©motions. Je danse, les heures passent et il est maintenant midi. Je commence Ă sĂ©rieusement ressentir la fatigue, je me pose un peu dans ce que les habitants de cette collocation gĂ©ante appellent « le jardin dâhiver ». Assis en face de moi, je fais la connaissance de Gilles (Sizo Del Givry). On discute, on parle du set magistral de James Holden, il me demande comment je suis arrivĂ©e ici et si je peux lui prĂȘter ma couronne… Les prĂ©mices dâun nouveau chapitre de ma vie.
Cinq ans plus tard Ă©mergea un dĂ©sir latent, nĂ© de cette nuit-lĂ . Je veux me lancer. Je veux composer de la musique Ă©lectronique pour pouvoir faire vivre un jour aux gens ce que James Holden nous a fait vivre cette nuit-lĂ . Ma motivation est sans limite. Je quitte Paris et ses stimulations incessantes pour mâisoler Ă la campagne et me mettre Ă la composition et je ne lĂąche rien. Il y a un peu plus dâun an, jâai contactĂ© le producteur britannique Nathan Fake, qui faisait lui aussi partie de ce label Border Community. Il est lâauteur de « The Sky Was Pink » (titre ensuite remixĂ© par son comparse James Holden). Nathan a acceptĂ© de remixer mon morceau « Chambre 2 » issu de mon premier album. La boucle Ă©tait bouclĂ©e, le rĂȘve devenu rĂ©alitĂ©.
TDJ (alias Ryan Playground), la part du clubbing dont on parle moins
Ceux qui me connaissent en surface pourraient vite sâĂ©tonner du fait que jâai tardĂ© Ă vivre ma premiĂšre sortie en club. Jâavais 19 ans. Je nâavais pas non plus vraiment bu dâalcool avant ça. JâĂ©tais une enfant de chĆur ! Jâose croire que je le suis encore un peu, mĂȘme si mon temps en boĂźte sâest dĂ©cuplĂ© depuis. Cette premiĂšre soirĂ©e, câĂ©tait au Blue Dog de MontrĂ©al. Câest aussi Ă ce mĂȘme endroit que jâai jouĂ© mon premier DJ set en club. Câest un petit endroit sombre sur le boulevard Saint-Laurent oĂč on sây sent vite entassĂ©. Ce sont mes deux meilleures amies d’alors qui mây ont amenĂ©e. Lâune dâelles n’en Ă©tait pas Ă son premier rodĂ©o, ce qui me gĂȘnait un peu.
« Ce qui mâa marquĂ©e ce soir-lĂ , câest l’ennui que jâai ressenti. »
Mais ce qui mâa marquĂ©e ce soir-lĂ , câest l’ennui que jâai ressenti. Comme si je ne savais pas trop quoi faire, oĂč me placer, Ă qui et de quoi parler. Comment faire pour oublier le jugement des regards ? Comment faire pour me perdre dans la musique ? Nâest-ce pas ça le but de sortir ? Jâai toujours Ă©tĂ© Ă l’aise dans lâintimitĂ©, surtout pour Ă©couter et partager de la musique. Jâai mis un moment Ă dĂ©velopper un certain confort dans les clubs. Cette mĂȘme amie festive a continuĂ© de mâintroduire aux montagnes russes de la vie nocturne qui ont fini par forger une certaine confiance en moi et en lâinconnu. Ă un moment donnĂ©, jâai rĂ©alisĂ© que malgrĂ© la pĂ©nombre des petits endroits bruyants, il y a une lumiĂšre que j’arrive Ă trouver en moi et ceux qui mâaccompagnent. En fait, je crois que câest la quĂȘte de cette petite Ă©tincelle qui me plaie dans lâidĂ©e de « sortir ».
Théo Muller, le choc du Panorama Bar
Ma premiĂšre et plus forte expĂ©rience de clubbing â hors du clubbing de province au New Beach Ă St Cast â fut au Panorama Bar en fĂ©vrier 2010. Avec des potes, on revenait du club Raw Tempel quand, Ă l’aube, j’ai voulu rĂ©aliser mon rĂȘve et aller au Berghain. Eux Ă©taient fatiguĂ©s, mais mon ami Wolfgang m’y a conduit en me laissant faire la queue, dubitatif sur ma capacitĂ© Ă y entrer. Il y avait une soirĂ©e Rekids, au Panorama Bar seulement. PremiĂšre tentative Ă la porte : ratĂ©, je ressemblais Ă un ado, les yeux rouges et un bonnet sur la tĂȘte. Du coup, j’attends devant l’entrĂ©e puis retente ma chance. Encore ratĂ©… J’ai attendu de 5h Ă 7h du matin devant le club avant de retourner me frotter au vigile et de lui lĂącher : « Please, I just want to see Spencer Parker ». Et lĂ , par magie, son visage se desserre, je rentre et avance tout droit dans le club, on me fait signe que la billetterie est Ă gauche. J’attends dans cette nouvelle queue avec la peur que Sven Marquardt ne repĂšre mon jeune Ăąge, un autre vigile m’ayant fait rentrer. C’est bon, j’ai le tampon.
« Please, I just want to see Spencer Parker. »
Je lĂąche mes affaires au vestiaire et j’arrive dans la zone. C’est Nina Kraviz qui est aux platines du Panorama Bar. Je me balade, je divague et me laisse draguer par un Allemand au bar qui me paie des verres. Je teste un peu ma sexualitĂ© ce matin-lĂ , puis mets un frein Ă cette aventure quand il devient trop explicite sur l’issue de notre Ă©change. Il respecte complĂštement mon choix et je commence une autre aventure avec une femme, bien plus vieille que moi, en me faisant passer â devinez quoi â pour un journaliste de Tsugi en reportage ! C’est surrĂ©aliste, je flirte avec quelqu’un de 30 ans et je prends une claque monumentale en terme de son avec Spencer Parker. Les heures passent et vers midi il faut que je rentre Ă l’appartement car notre vol retour est l’aprĂšs-midi. Je sors complĂštement hagard de cette expĂ©rience. Wow, alors c’est ça la techno… Bon, c’Ă©tait plutĂŽt de la minimale Ă l’Ă©poque. Bref, j’arrive Ă l’appartement, je prends un bain, pĂ©tard au bec. Mes potes se rĂ©veillent : « Ăa va ThĂ©o ? T’as rĂ©ussi Ă rentrer ? » Oh la la, j’ai des choses Ă vous raconter ! J’inaugurais le label Midi Deux quelques semaines aprĂšs.
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