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©Birgit Kaulfuss
12 avril 2021

🥊 Fight Club : la nouvelle mixtape de Modeselektor, pour ou contre ?

par Tsugi

Un album, deux avis. Aujourd’hui sur le ring, la nouvelle mixtape de Modeselektor, Extended. Fight !

Chronique issue du Tsugi 139 : aux origines de Daft Punk, disponible en kiosque et à la commande en ligne. 

Fight ClubDu temps libre et un avenir bouché. Les confinements ont poussé plusieurs artistes à regarder en arrière et à exhumer ce qui était stocké dans leurs vieux disques durs. On pourrait légitimement se demander si ce vide-grenier numérique, qui consiste à aller fouiller dans ses fonds de tiroir pour proposer des morceaux qu’on n’avait pas jugé bon de sortir il y a quelques années, a un grand intérêt, mais Skream ou Hudson Mohawke nous ont récemment prouvé que oui. On pourra ajouter à cette liste Modeselektor, qui a ressorti de ses archives 27 morceaux, même si dans la plupart des cas, il convient plutôt de parler d’ébauches de morceaux, de boucles, de séquences non développées. La bonne idée du duo allemand est de les avoir pris quasiment tels quels pour les lier à travers un mix, donnant à l’ensemble un côté brut et nerveux — rares sont les pistes à atteindre les trois minutes. Une forme de retour aux fondamentaux. Ceux d’avant le premier album, quand le duo, louvoyant entre IDM et bass music, n’en était qu’au stade des promesses et avait sorti une Boomkat Selected Mixtapes vol.4 dont ses fans hardcore se souviendront peut-être. Il s’agissait alors d’un DJ-mix, mais on en retrouve l’esprit : des basses lourdes, des beats parfois retors, qui débouchent sur des instants de grâce, en apesanteur, comme ceux que ressentent les clubbers lorsqu’ils s’extirpent d’une cave pour regagner la lumière du jour.

GĂ©rome Darmendrail

 

Fight ClubAu royaume des mauvaises idées, Extended ne serait pas loin dans l’ordre de succession au trône. Si le principe de la mixtape était adapté aux jeunes années de Gernot Bronsert et Sebastian Szary, maintenant qu’ils ont plus de 25 ans de carrière derrière eux, on ne nous enlèvera pas de l’esprit que le format raccourci n’est plus de leur rang. Pour un peu, Extended nous renverrait presque à l’époque des CDs promos où les morceaux étaient présentés sous forme de snippets, ou couverts toutes les 30 secondes par une voix atone déclamant : « You’re listening to a promo CD, I’m glad you care, please don’t share. » Ce n’est pas que ce cinquième album fasse honte au catalogue de notre duo berlinois, c’est même tout le contraire. Un peu moins de deux ans après un Who Else en demi-teinte, Modeselektor est de retour à son meilleur niveau. « Bangface », « Puls », « Soda », « Mean », « Keller » ou « Ohm » (entre autres) sont de géniaux bangers, aux basses redoutables et à la construction juste parfaite, établissant un pont parfait entre la bass music et la techno de Seilscheibenpfeiler Schallplatten Berlin (seit 1994), leur deuxième label, mais sont bien trop courts. Quelle frustration de ne pas jouir plus de deux minutes de ces increvables bombinettes ! Et quitte à inviter Jackson & His Computerband ou Paul St. Hilaire, autant faire durer le plaisir. Pour tout dire, on aurait même vu un album double, voire triple, qu’on aurait usé jusqu’à la corde. Bref, coitus interruptus total.

Benoît Carretier

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Retrouvez plus de chroniques dans le dernier Tsugi 139 : aux origines de Daft Punk, toujours disponible en kiosque et Ă  la commande en ligne

Modeselektor

Artwork

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