Chronique : East India Youth – Total Strife Forever
Alors que beaucoup tentent de repousser les limites de l’indie pop, un inconnu à l’air innocent tranche ce début d’année avec une fresque ambitieuse qu’il mijotait chez lui depuis trois ans. Issu du bon côté de la scène londonienne (celui de Factory Floor, qu’il a accompagné en tournée), William Doyle tente la passerelle entre chanson électronique et pièces instrumentales sans maniérisme excessif.
On reconnaît dans Total Strife Forever à la fois la tendance néo-classique de These New Puritans, les célébrations épiques d’Animal Collective et les contemplations de Tim Hecker, mais East India Youth est bien le projet d’un illuminé reclus qui s’ouvre au monde pour la première fois. Entre deux douches de textures, l’Anglais enchaîne techno ascendante et pop expérimentale, frappant son coup de maître à mi-chemin avec “Heaven, How Long”, tour de force poignant et futuriste qui ferait passer James Blake pour un chanteur à midinettes. Dans ses moments d’osmose et ses poussées les plus lyriques, on se dit qu’on tient peut-être le Rock Bottom (Robert Wyatt) de l’ère Bandcamp. Libre et ambitieux, ce disque met la barre haut pour la pop à venir. (Thomas Corlin)
Total Strife Forever (Stolen/Pias)