Chronique : Mondkopf – Hadès
Il semble loin le temps où le jeune Toulousain Mondkopf produisait de l’électronique de chambre tendre et lumineuse. Aujourd’hui, le producteur est le parangon français d’un son grave et viscéral, qu’il promeut avec son label In Paradisum et les soirées du même nom. Sur ce troisième album, il se range du côté le plus gothique et doom de la scène industrielle. Et il n’y va pas avec le dos de la cuillère : Hadès (le maître des Enfers dans la mythologie grecque) nous accueille sur une déflagration suivie d’un drone éclaboussant, sur lequel plane ce qui semble être un cor de guerre, installant une imagerie médiévale et guerrière qui s’assume bien.
C’est justement le jusqu’au-boutisme d’Hadès qui attire : la feuille de route électro est écartée avec deux morceaux rythmés en début de chemin (“Cause & Cure” et “Immolate”, dans le canon viril d’un Perc), et le reste ne sera que soudure, cavités et coulée de lave. Très marqué par These Hidden Hands ou Samuel Kerridge, Mondkopf désosse la techno, enfile sa capuche à la Sunn O))) et nous pose devant de grandioses sculptures noise baveuses et sépulcrales. Le puissant trio “Absences”, “We Watched The End” et “The Stars Are Falling” sonne comme Emptyset reprenant les faces B ambient de la trilogie berlinoise de Bowie/Eno. À ce niveau, on peut affirmer que Mondkopf a bien exécuté ses douze travaux d’Hercule. (Thomas Corlin)
Hadès (In Paradisum/La Baleine)