Tsugi Podcast 611 : Ken Ishii, vétéran de la techno au Japon
Véritable ambassadeur de la techno au Japon, Ken Ishii marque la scène électronique depuis 28 ans de son empreinte sombre, futuriste et incroyablement riche. Il revient avec un EP Bionic Jellyfish, sorti le 21 décembre sur Electropical Records. On en a profité pour prendre des nouvelles et dégoter un podcast exclusif. Ça parle techno, nouvelle scène et méduse bionique.
La techno au Japon se porte très bien. Et on peut définitivement compter Ken Ishii comme l’un de ses principaux instigateurs, contributeurs et bienfaiteurs. Le vétéran peut se targuer d’avoir au compteur 28 années d’une carrière riche, éclectique et toujours en avance sur son temps. Compositeur de musique de film, de jeu-vidéo et de la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques d’hiver de Nagano en 1998 (oui oui), Ken Ishii ne s’est jamais éloigné de son premier amour, celui qu’il porte au genre électronique né à Detroit dans les années 80, et en qui il puisera une inspiration sans fin. Son dernier EP Bionic Jellyfish prouve encore une fois qu’il est maître dans le maniement d’une techno millimétrée, incisive et futuriste.
C’est exactement ce que l’on retrouve dans le mix qu’il nous offre aujourd’hui, avec quelques originalités : de la musique concrète, des rebondissements et un mix pensé pour vous, pour l’écoute (et le hochement de tête), au casque ou avec un gros sub. Et pourquoi pas armé d’une bière, du producteur lui-même ? Bah oui, Ken Ishii produit même sa propre bière depuis deux ans. Producteur dans l’âme on vous a dit.
Parle-nous de ton mix : quelles étaient tes intentions ici ?
Ce mix vient avec un peu plus de rebondissements et de sophistication que mes DJ sets habituels. Lorsque je joue devant une foule, cela peut être plus direct, pour faire danser les gens. Avec cette situation stressante depuis l’année dernière, j’ai concocté un mix pour le plaisir de l’écoute. Ce mix est rempli de techno accompagné d’idée nouvelle et d’expérimentations, ce que j’affectionne particulièrement dans l’essence même de ce style.
Qui sont les artistes dans ce mix ? Qui sont-ielles pour toi ?
Je suis très heureux d’inclure la musique concrète de Dub Taylor comme intro. Ce disque date de 1972 et je ne compte plus les fois où je l’ai joué dans mes sets. Ce disque est très spécial pour moi. Sinon Vinicius Honorio est l’un de mes artistes techno préféré en ce moment. Il a un style qui se distingue de n’importe qui et j’adore toutes ces dernières sorties. Je vois une profonde influence de la techno de Detroit dans la musique de Jani Ho et il l’élève grâce à son style propre. Son dernier album Jika Jika est très intéressant. Go Hyiama est un vétéran techno du japon qui se concentre plus récemment sur la musique expérimental et les installations artistiques. La track que j’ai choisie de lui, bien coupée, est une de ses rare production techno après tout ce temps.
Peux-tu nous parler de ton EP Bionic Jellyfish ? Quels rapports entretiens-tu avec Drunken Kong, Luca Morris & Mozzy Rekorder ?
Le titre de cet EP et de son morceau éponyme m’est venu après avoir lu cette actualité. C’est une histoire vraie, assez unique et je trouvais que la souplesse du son dans ce morceau collait bien avec l’image et l’histoire de la méduse. Drunker Kong – je les connais depuis plus de dix ans, ils étaient jeunes et je suis très heureux de constater leur succès international ces dernières années. Excellents producteurs et gros buveurs ! rires On traîne souvent ensemble pour boire et manger à Tokyo. Je n’ai jamais rencontré Luca Morris & Muzzy Rekorder en personne mais je suivais leur travail, de grande qualité, et c’est une bonne connexion avec le label Electropical. Je suis très heureux de les avoir sur cet EP.
Où te vois-tu sur l’horizon électronique après 28 ans de carrière ?
Je ne saurai pas vraiment me placer… Je fais partie de cette scène depuis 28 ans et certaines personnes me catégorisent seulement dans la techno japonaise, ou certains comme un héritier de la techno de Detroit. Parfois je suis catégorisé en tant que producteur de musique de film ou de jeu-vidéo aussi. Je dis oui à tout, mais j’ai toujours voulu représenter un tout – je peux être un peu partout autant que nulle part pour rester différent.
Quelle est la suite pour toi ?
Premièrement, une contribution via un track à la compilation d’un label philippin Deepsomnia qui sortira ce mois-ci. Puis quelques EP sur différents labels. Je vais bientôt commencer la composition d’une bande originale pour un film. Il est possible que ce soit un dessin animé de science-fiction. Je serai aussi investi dans la création d’application de réalité virtuelle en tant que producteur de musique et créateur. Et puis, j’aimerai bien repartir en tournée mais ce n’est apparemment pas près d’arriver…
Tracklist
01. Dub Taylor – Lumière (For Synthesized and Concrete Sound, Part. 2) [Sub Rosa] 02. Jani Ho – Bill’s Backyard [Finn Audio] 03. Ken Ishii – Bionic Jellyfish [Electropical] 04. Ken Ishii – Vertical Speed [70 Drums] 05. Nag – Ambiguous World [Scott Tiger] 06. Ken Ishii – Skew Lines [U/M/A/A] 07. Vinicius Honorio – Le Boi [ARTS] 08. Vinicius Honorio – Rock Da House [Planet Rhythm] 09. Jani Ho – Frozen Earth [Finn Audio] 10. DJ Rush & Eric Sneo – Body Control (Truncate Remix) [Tronic] 11. Go Hiyama – HuisTuinEnKeuken [HueHelix] 12. Eddie Hale – Impulses [Odd Even] 13. JGarrett – The Imposer [RF] 14. Ken Ishii – Bionic Jellyfish (Drunken Kong Remix) [Electropical] 15. Tevatron – The Walles [Metrohm]