Bouse du mois : Shearwater – Fellow Travelers
Ça fait plus de vingt-sept ans que Sub Pop est un label. Et s’il continue, épisodiquement, à sortir quelques disques intéressants, ça fait bien longtemps que son âge d’or, en pleine ère grunge, s’est tristement éteint. Ceci explique peut-être quelques sérieuses sorties de route et nouvelles recrues hasardeuses. À commencer par la signature tardive des Texans de Shearwater, débarqués sur le label de Seattle pour la sortie de leur très pénible avant-dernier album Animal Joy. Pourtant le groupe formé par Jonathan Meiburg et Will Sheff (reparti depuis), deux membres d’Okkervil River, a eu ses beaux jours, pour qui tolérait une certaine emphase émotionnelle. Shearwater fait dans le folk-rock à légère tendance baroque, par le lyrisme de ses instrumentations comme par celui de la voix assez impressionnante du chanteur, Jonathan Meiburg. Sauf que depuis le départ de Sheff (qui aura coïncidé avec le départ de Meiburg d’Okkervil River), le groupe glisse lentement mais sûrement de l’emphase au too much.
C’est le risque de ce parti pris lyrique : les arrangements sont devenus ronflants, la voix du chanteur plus que gonflante. À vrai dire, depuis que le groupe a tourné en première partie de Coldplay on le sent glisser peu à peu vers ses “aînés”… On irait même jusqu’à oser une comparaison vocale avec ce briseur de burnes de Chris Martin. Shearwater donne aujourd’hui dans le franchement niais, c’est particulièrement vrai sur “Hurts Like Heaven” et ses quelques notes de piano qu’on croirait sorties d’une séquence d’introduction d’un épisode de Grey’s Anatomy dégueulant de romantisme. Les compositions, pauvres, sans idées et sans reliefs, ne sauvent jamais ce huitième album de Shearwater qui mérite définitivement de finir à la benne sans passer par vos oreilles. Il est temps d’arrêter d’espérer quoi que ce soit du groupe.
Fellow Travelers (Sub Pop/Pias)