Chronique : Ricardo Tobar – Treillis
À quoi sert encore un album ? Certains arrivent encore à donner sens au format. Ricardo Tobar use à merveille de l’heure dont il dispose pour déplier les facettes de son univers. On pense à James Holden (pas étonnant que Tobar ait signé son premier album sur son label Border Community), notamment pour les imperfections voulues, le côté machines détraquées et les titres sans rythmique (“Back Home”, “Sleepy” ou “Essen”). Mais l’aspect mélodique de Treillis prend rapidement le dessus.
Les pistes nous emmènent sur un dancefloor cabossé (“Organza”, “Hundreds”) ou nous font entrer en hypnose (“Mirroir” et ses voix répétitives, “Le Quartier du quatrième” quasiment rock). On ne sait plus si on doit parler de “tech-rock”, d’ambient-shoegaze ou d’un art du bruit. Bref, tout un tas de noms barbares pour essayer de décrire une musique qui nous met en état de déséquilibre permanent. Treillis offre d’ailleurs deux magnifiques séances de titubement avec “Organza” (extrait d’un maxi précédent) et “If I Love You”. Soit la meilleure excuse jamais inventée au fâcheux “toi, t’as bu un coup de trop !” qui vient sanctionner une quasi-chute sur la piste. Celle-ci sera voulue ! (Quentin Monville)
Treillis (Desire/Modulor)