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13 novembre 2020

Liberté de création totale et solitude : S8JFOU marche dans les pas d’Aphex Twin

par Tsugi

Le mystérieux Nantais caché derrière l’alias S8JFOU (lisez « suis-je fou »), livre aujourd’hui son second album, Cynism, entre IDM et ambient.

Chronique issue du Tsugi 135, toujours disponible en kiosque et à la commande en ligne.

La réalité n’est pas faite pour S8JFOU. Le jeune artiste nantais a toujours évolué à part, dans une démarche résolument DIY. Après avoir créé des squats ou passé 44 jours à vivre sans dépenser un seul centime, il a fini par réaliser ce qui était le titre de son premier album, CONSTR8RE MA MAISON, sorti fin 2016. Après avoir acheté un terrain dans les Pyrénées, il y a bâti, seul, une maison/studio, avec comme projet de s’y enfermer chaque hiver pour composer. On aura donc droit chaque année, a priori, à un nouveau disque. Voilà un projet que la Covid-19 n’impactera pas.

S8JFOU

Artwork

Cette démarche d’autarcie créatrice se ressent évidemment dans ses disques : les constructions sont minimalistes, avec quelque chose de ludique et expérimental dans la manière de faire évoluer les boucles des morceaux. Sans être un caméléon pour autant, ce côté touche-à-tout lui permet de renouveler le langage de ses disques. Tout en restant sur une base électronica, en lorgnant parfois l’ambient, les textures évoluent de disque en disque, le saxophone de son précédent album laissant la place à la trompette, bien qu’il ne maîtrise aucun des deux instruments. Peu importe, S8JFOU revendique une liberté de création totale, qui passe par la solitude et le dénuement, loin de tout regard extérieur. Le titre de son disque ne se réfère jamais à une attitude ironique et désabusée, mais bien à l’école philosophique grecque des cyniques, celle de Diogène, qui vivait dans un tonneau (si, si). Notre ermite techno revendique l’idée fondamentale de cette école : l’accès à la sagesse se fait par l’autosuffisance, le rejet des conventions et surtout l’humilité.

Ainsi, S8JFOU nous propose un disque simple en apparence, où transparaissent sa paix intérieure et le plaisir de l’enfance retrouvée. Mais aussi, malgré tout, une profonde mélancolie. Comme si, débarrassé de notre réalité, il continuait de l’observer avec tristesse. À moins qu’il ait tout simplement emporté son spleen avec lui dans les montagnes.



Chronique issue du Tsugi 135, toujours disponible en kiosque et à la commande en ligne.

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