Chronique: Omar Souleyman – Wenu Wenu
Le succès d’estime dont jouit Omar Souleyman chez nombre de prescripteurs cultureux, occidentaux et proprets reste un mystère. Aussi doué qu’il soit, le chanteur syrien n’a jamais bousculé les bases traditionnelles de sa musique, ancrée dans une filiation moyen-orientale aussi riche qu’éloignée des canons branchouilles. Sa signature chez Sublime Frequencies, l’adoubement de Caribou et ses remixes pour Björk ont forcément interpellé les curieux. Pour ceux-là, ce cinquième album possède une porte d’entrée chatoyante: il est produit par le très estimé Four Tet. Qui s’est d’ailleurs effacé au maximum, avis aux amateurs qui vont tenter l’expérience pour la seule présence du producteur anglais.
Pas de dream-hop housey et sophistiqué ici, mais de la derbouka, des synthés un poil criards, bref, de la bonne debka comme il en a offert à de nombreux jeunes mariés de son pays d’origine. Le frénétique « Ya Yumma », parfois à la pointe de la dissonance psychédélique, et « Warni Warni » possèdent toute la tension nécessaire pour s’intercaler entre deux morceaux de Diplo, « Khattaba » calme cette frénésie en jouant sur des caricatures de production kitsch. On vous aura prévenus, cependant : si ce genre de musique vous irrite, la « bankabilité » de ce cher Omar ne vous aidera en rien.
Wenu Wenu (Ribbon Music/Domino/Sony Music)