Fuzati : qu’en pensent la moitié de AIR, Le Motel ou même une cam girl ?
Fuzati, l’iconique et seul membre actuel du Klub des loosers, a sorti en septembre son dernier album au doux nom Vanité. Dans un ego-trip digne des plus grands rappeurs, l’artiste originaire de Versailles a choisi d’accompagner cette sortie d’un magazine éponyme unique et hautement intéressant, livré avec l’achat du pack album + magazine en édition limitée. On y retrouve, à travers 50 pages rédigées par Thomas Pitrel et Victor Le Grand (du magazine Society), une longue interview de Fuzati, une interview croisée avec Roméo Elvis, une analyse de ses textes par des élèves de Normal Sup ou encore des portraits du rappeur vu par d’autres artistes comme la moitié de Air, JB Dunckel, le beatmaker belge Le Motel (derrière les prods de Roméo Elvis, notamment) ou l’actrice X et cam girl Mina Kali. Justement, en voici quelques extraits, en exclusivité sur Tsugi.
Fuzati vu par Jean-Benoît Dunckel (moitié de Air)
« Il dépasse les modes »
On a fait « Sous le signe du V » en onze heures. J’avoue qu’à l’époque, je ne connaissais pas trop le Klub des Loosers, je tournais beaucoup, j’étais complètement à l’ouest, mais ça m’intéressait de faire un morceau de rap. Ça s’est donc fait par l’intermédiaire de Record Makers. J’aime bien tout ce qui est punk, contre l’ordre établi. Lui, il aborde tous les sujets, notamment ceux qui sont dérangeants. Musicalement, j’aimais bien ce système de sample, ce hip-hop à la source, un peu jazz… […] On a aussi enregistré quatre ou cinq morceaux qui ne sont finalement jamais sortis. C’est proche de l’univers de Houellebecq, quelque chose de post-dépressif, assez cru. Fuzati est à part, il dépasse les modes.
Fuzati vu par Le Motel (producteur)
« Il devrait écrire un livre sur le Japon »
Souvent, les morceaux les plus noirs, qui pourraient être tristes, me rendent heureux, positif. J’ai toujours préféré les morceaux les plus darks du Klub des Loosers. C’est un peu comme une thérapie, j’écoute un de ses sons et ça va mieux. J’écoutais Vive la vie au collège, à 15-16 ans, j’avais une pote hyper fan aussi, on était les deux seuls du collège à l’écouter. C’est une passion en commun avec Roméo Elvis. Quand on s’est rencontrés, on écoutait le même type de sons. Et quand il a fait la première partie du Klub des Loosers au Botanique, à Bruxelles (le 28 mars 2015, ndlr), j’étais content pour lui. Mais avec Fuzati, on s’est rencontrés seulement la deuxième fois où il est passé, en janvier 2018. On s’est captés après, je me suis présenté, je ne savais pas qu’il connaissait ce que je faisais, mais il m’a dit qu’il avait apprécié quelques prods. On a directement parlé du Japon quand on s’est rencontrés. J’y allais pour la première fois, il m’a envoyé un mail kilométrique, une bible de Tokyo, avec des trucs hallucinants. Du genre : traverser un couloir, monter dans un truc qui ressemble à des bureaux, pousser une porte, et derrière il y a un magasin de machines… On suivait son mail à la lettre avec mes potes, perdus dans Tokyo. Le Japon, il devrait écrire un livre dessus. […]
Fuzati vu par Mina Kali (Camgirl/Actrice X)
« J’ai recruté des fans du Klub »
Je suis ce qu’on appelle une camgirl : je fais des lives vidéo sur différentes plateformes. Je suis payée à l’action, au pourboire, en fonction de ce que mes clients me demandent de faire. C’est comme dans un restaurant : j’ai un menu avec pour chacune des actions, un tarif. Je fais ça depuis un an – je fais un peu de porno, aussi. Avant, j’étais rédactrice web, je faisais du live vidéo en complément, mais quand j’ai commencé à gagner plus d’argent avec le live qu’avec mes articles sur internet, et que j’y prenais surtout plus de plaisir, j’ai décidé́ de ne plus faire que ça. Et à chacun de mes lives – je mets toujours de la musique –, je passe au minimum un morceau du Klub des Loosers, que j’ai découvert dans une soirée pétard et alcool il y a dix ans, avec « La Femme de fer ». J’ai aussi rencontré mon meilleur ami lors d’un after puisque nous étions les seuls à vouloir écouter le Klub alors que tous les autres voulaient des trucs qui tabassent… Bon, je sais, ce n’est pas ce qu’il y a de plus érotique comme musique, mais je le fais pour moi, pour me mettre dans l’ambiance, pour me sentir bien, et croyez-moi, mes clients – que j’appelle mes loulous – ne sont pas là pour écouter de la musique… […] Je pense pouvoir dire que j’ai recruté des fans du Klub des Loosers, que je les ai initiés aux camgirls. À l’inverse, jamais un loulou ne m’a demandé de changer parce qu’il n’aimait pas, parce que ça ne lui permettait pas de se « mettre dedans ». De toute manière, il n’a pas intérêt : sinon, il dégage.
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