Télépopmusik : l’histoire derrière « Breathe », trésor de la French Touch des années 2000
À l’occasion de la sortie du troisième album du duo français Télépopmusik, Everybody Breaks The Line, Tsugi a voulu revenir dans les coulisses d’un trésor enseveli de la French Touch, le tube « Breathe » sorti il y a presque 20 ans, que les marques à l’époque s’arrachaient pour leurs pubs TV. On y revient ensemble.
« Le “just breathe” des paroles vient du fait que nous fumions tous dans le studio et que la chanteuse ne pouvait plus respirer. »
En 2001, vous sortez votre album Genetic World avec le morceau « Breathe » qui ouvre le disque. C’est un carton. Pour une personne de ma génération (née dans les 90);
INSERT INTO `wp_posts` VALUES ce titre l’a accompagné une bonne partie de son enfance. Vous souvenez-vous exactement ce qu’il s’est passé pour vous suite à cette sortie ?
C’était un autre monde presque sans Internet, où le buzz prenait son temps… Le titre est d’abord sorti en Europe en juin 2001, il s’est retrouvé playlisté dans des médias clés, notamment à Londres, centre névralgique du “buzz” à cette époque. Puis est arrivé le 11-Septembre et je crois que lorsque “Breathe” est sorti début 2002 aux États-Unis, le public a trouvé dans ce titre une manière d’oublier le traumatisme des attentats. S’en est suivi de grosses synchronisations pub et le morceau s’est retrouvé sur les radios du monde entier pour finir nominé aux Grammy Awards…
Pouvez-vous nous raconter un peu les dessous de sa production ?
À l’époque, nous utilisions un sampler, ce qui permettait de mélanger plusieurs influences plus facilement. La démo de « Breathe » avait déjà un truc mystérieux avec sa TB-303 (influencée sans doute par le Homework des Daft Punk), mais c’est quand nous avons trouvé la chanteuse Angela McCluskey que le titre a pris une autre dimension. Nous venions de la pop et ce titre était vraiment hors de notre zone de confort, entre deep house et jazz, avec la voix très Billie Holiday d’Angela. Le “just breathe” des paroles vient du fait que nous fumions tous dans le studio et que la chanteuse ne pouvait plus respirer 😉
Le titre tourne beaucoup à la télé, dans des pubs pour Peugeot, Garnier et d’autres. Comment ça s’est fait ? Et n’a-t-on pas peur de le voir à jamais associé à une marque ?
Notre label Catalogue travaillait déjà avec Euro RSCG qui cherchait à développer des pubs plus créatives, avec des réalisateurs de cinéma et des musiques plus électroniques. Nous n’avons pas hésité, la pub devenait à cette époque le medium le plus efficace pour faire connaître une musique. On a fait ce morceau très naïvement et je crois que ça s’entend encore, le temps est suspendu et la centaine de synchro pub sont comme des médailles.
« Nous n’avons pas hésité, la pub devenait à cette époque le medium le plus efficace pour faire connaître une musique. »
Aujourd’hui, vous revenez 15 ans après votre second album. Si vous deviez comparer Genetic World (votre premier) avec ce dernier disque, et donc regarder tout votre parcours dans le rétroviseur, quelles conclusions tireriez-vous ?
C’est toujours plus facile de faire un premier album, surtout à une période où le sampler avait révolutionné la manière de produire la musique. Pour ce nouvel album, le temps s’est distendu, nous avons fait des enfants, bossé à distance et nous avons mis beaucoup plus de temps à trouver notre processus de travail. Nous avons retrouvé une écriture plus pop et quelques fantasmes 80’s. Je n’aime pas trop me repencher sur le passé, ça rend nostalgique. Le futur est beaucoup plus excitant, même s’il est de plus en plus flippant.