Rebeka Warrior lance son label « queer, transféministe, anti-raciste et résistante »
Symbole de l’electroclash des années 2000 et moitié des duos Sexy Sushi, Mansfield.TYA et Kompromat (avec Vitalic), Rebeka Warrior lance aujourd’hui son label : WARRIORECORDS.
Rebeka Warrior a toujours multiplié les projets. Elle fait aussi partie avec Vitalic du groupe cold wave et post-punk Kompromat, nous les avions interviewés dans le numéro 121 de Tsugi (avril 2019). Ce n’est pas un projet en duo qu’elle annonce aujourd’hui mais bien la création de son label vu comme une entreprise familiale, dont elle se plaît à penser qu’elle en est la mère.
Un label qui s’attardera à défendre les valeurs « queer, transféministe, anti-raciste et résistante », illustrées par des sonorités sombres (techno, acid, hardcore, poésie sonore, EBM ou musique expérimentale) et sous un même drapeau noir : « Nous souhaitons agir, à notre échelle, en espérant que cette nouvelle structure ait un impact sur notre communauté. En fait, nous voulons juste redonner à la musique ses vocations premières : faire danser, penser, fédérer, pleurer et s’aimer. Et nous voulons le faire ensemble, car nous sommes une famille en OR avec un GROS Karma », lit-on sur le communiqué.
Pour ce qui est des premières sorties, il y aura tout d’abord celle de Mansfield.TYA (projet dont Rebeka Warrior fait partie), qui mêle opéra-rock, musique baroque et habillage électronique. L’album est prévu pour février 2021. La suite semble également alléchante avec un casting 100% féminin : Moesha 13, Cassie Raptor, Maud Geffray et Vimala Pons. Chaque mois, le label sortira une œuvre « dans des styles et des formats différents, dont les bénéfices iront directement dans les poches des concerné·e·s. »
« La musique, la techno, la poésie et l’art plus généralement, sont des moyens d’exprimer nos désaccords et de nous rassembler. »
« Queer, transféministe, anti-raciste et résistante », en quoi un label qui défend ces causes et valeurs est-il nécessaire aujourd’hui ?
On nous a trop piétiné la gueule. Violences faites aux femmes, violences policières, ministres violeurs, anti-mariage pour tous etc… La liste est longue, malheureusement. La musique, la techno, la poésie et l’art plus généralement, sont des moyens d’exprimer nos désaccords et de nous rassembler. En ces temps compliqués de distanciation, l’idée de fonder une famille d’artistes nous a paru plus importante que jamais.
Nous nous faisons l’avocat du diable un instant : est-ce bien le rôle d’un label de musique d’être militant ?
Underground Resistance ou Les berruriers noirs ont été des groupes importants pour la musique mais aussi pour les idées qu’ils véhiculaient. Nous n’avons pas la prétention d’être des meneurs mais juste d’assumer nos valeurs, à notre échelle, pour nous sentir mieux dans nos baskets. De créer pour résister.
Qui sont pour toi ces premiers artistes dont tu t’entoures pour le label ?
Ce sont des femmes qui font de la techno, du gabber, des fictions sonores, de la cold wave mélancolique et de la poésie. Des projets jeunes ou anciens mais toujours radicaux.
Il y a quoi à l’horizon 2021 ?
Il y a, je l’espère, l’introduction de la Sorcellerie au lycée et le retour de Thomas Mann sur Terre.