Rencontre avec le gouvernement : des « annonces encourageantes » pour la filière musicale
Suite à la rencontre entre le Premier ministre, la Ministre de la Culture et les représentants du spectacle vivant jeudi et vendredi derniers, les détails du plan de relance en faveur de la musique ont été communiqués.
Alors que le Premier ministre Jean Castex annonçait mercredi dernier un budget de deux milliards d’euros dédié à la Culture, les indépendants réagissaient dans l’immédiat, dénonçant une somme trop modeste pour secourir un secteur aussi essentiel que celui de la Culture, fortement impacté par la crise sanitaire. Une rencontre était organisée jeudi et vendredi pour définir les termes exacts de ce plan de relance.
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Il a ainsi été annoncé que 210 millions d’euros seront dédiés à la musique, et confiés au CNM (Centre National de la Musique). À cela s’ajoute un fond pour l’aide à l’emploi de 5 millions d’euros, et un mécanisme de compensation de 100 millions d’euros, visant à soutenir les exploitants de salle de spectacle dont les profits souffrent des jauges de spectateurs limitées. Les crédits d’impôt musicaux sont prolongés jusque fin 2024, un dispositif de soutien destiné à favoriser l’investissement dans la jeune création. Dans un communiqué, le SMA (Syndicat des Musiques Actuelles) salue « un signal fort pour la reconnaissance du secteur avec des annonces encourageantes, à suivre dans leur mise en œuvre effective ».
La filière musicale fait cependant toujours face à des incertitudes, notamment pour les concerts, qui ne devraient pas revoir le jour de sitôt. « Compte tenu de la situation sanitaire, nous n’avons à ce jour hélas toujours aucune perspective quant à une possible reprise des « concerts debout ». Malgré notre volonté de continuer à proposer des concerts, il y a fort à craindre néanmoins que certaines esthétiques en souffrent : incompatibles avec des configurations assises. », a fait savoir le SMA. La lettre ouverte « Concerts debout touchés en plein cœur » , signée par plus de 25 000 personnes et adressée au gouvernement le 23 juillet, était restée sans réponse et, si les événements assis espèrent reprendre définitivement leur activité d’ici octobre, le flou persiste pour les événements debout.
Le communiqué du SMA est à retrouver ici, et le détail des mesures gouvernementales, ici.
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Des négociations ciblées pour la musique électronique
Parmi les représentants reçus au Ministère de la Culture, figurait le comité de filière des musiques électroniques, animé par Technopol et formé par plus de 200 entités et artistes regroupés sous le nom de « Sphère Électronique ». Le comité a proposé une série de mesures ciblées pour les musiques électroniques, décidé à défendre les « nombreuses spécificités qui en font un écosystème unique », comme l’indique le communiqué rédigé à l’issue de la rencontre.
Ces spécificités, ce sont par exemple les clubs électroniques, qui constituent un élément essentiel dans la pratique et la diffusion des musiques électroniques, et qui se différencient des boîtes de nuit classiques : « Les clubs électros sont des établissements qui produisent des plateaux artistiques, qui détiennent une licence d’entrepreneur de spectacle, qui paient la taxe parafiscale CNV / CNM et qui ont une TVA à 5,5% sur leur billetterie du fait de la licence. » La musique électronique souffre donc particulièrement de la fermeture de ces établissements. C’est pourquoi la mise en œuvre de « zones temporaires de la fête » a été proposée, rappelant que, si l’été a permis les évènements en plein air, des alternatives devaient être trouvées pour l’automne et l’hiver.
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À l’issue de ces discussions, la Sphère Électronique espère obtenir une place plus importante dans le plan de relance, avec des fonds spécialement dédiés et la possibilité pour ses artistes de bénéficier de l’enveloppe de sept millions d’euros débloquée, ce qui n’est pas le cas pour le moment. Un réseau national rassemblant tous les acteurs de la sphère (lieux, producteurs, festivals…) devrait aussi être créé.
En résumé, c’est encore beaucoup de conditionnel et peu de concret. Toutes ces propositions et leurs applications restent à négocier, néanmoins les musiques électroniques seront représentées lors des États Généraux des Festivals début octobre, organisés par Roselyne Bachelot pour apporter une aide d’urgence au secteur, et repenser ses modalités. Pour la Sphère Électronique, cette opportunité représente « une avancée historique pour notre culture, nous allons enfin avoir notre place dans les débats car la musique électronique représente une part très importante du spectacle vivant en France. ».
C’est donc un bilan globalement positif pour les discussions au Ministère de la Culture, qui montre que l’État semble avoir pris mesure du sinistre que subit le milieu de la culture. Reste à voir si les promesses seront tenues.