DerrieÌre les platines ou aÌ la teÌte de son label Polaar, la Lyonnaise Flore sâest imposeÌe en quelques anneÌes comme la grande preÌtresse française dâune sceÌne bass aussi exigeante que tumultueuse. Blind test teÌleÌphonique, confinement oblige, aÌ lâoccasion de lâarriveÌe de son album Rituals, quelque part entre techno, bass music et ambient. Au menu, des basses, des beats, et encore des basses.
Article issu du Tsugi 131, disponible Ă la commande en ligne.
- Dom & Roland – Trauma
Extrait du DJ-Kicks de Kemistry & Storm
Dom & Roland ! Jâai eÌcouteÌ au moins 20 millions de fois le mix de Kemistry & Storm dont il fait lâouverture. Ça me fait plaisir de reÌeÌcouter ce morceau tellement puissant. Jâadore âTraumaâ. Quand jâai commenceÌ aÌ mixer, vers 16/17 ans, je ne sortais pas, et jâavais du mal aÌ saisir ce que cela signifiait dâeÌtre vraiment DJ. Câest en deÌcouvrant ce DJ-Kicks que jâai compris comment meÌlanger deux morceaux et en faire eÌmerger un troisieÌme. Une grande claque.
« Je suis deÌjaÌ quelquâun dâassez structureÌ : quand je ne suis pas en train de mixer aÌ 3 ou 4 h du matin, jâai une vie assez normale. »
La premieÌre de tes cultures eÌlectroniques, câest la drumânâbass ?
AÌ quatorze ans, je suis tombeÌe sur le clip de âHuman Behaviorâ de BjoÌrk, qui passait sur MTV. Je me souviens mâeÌtre demandeÌ ce quâeÌtait ce truc incroyable. Ensuite mon freÌre a commenceÌ aÌ travailler dans un magasin de disques, jâai deÌcouvert MoâWax, Massive Attack. En 1996, jâai pris une deuxieÌme tarte avec le concert de BjoÌrk au Transbordeur aÌ Lyon. Goldie assurait la premieÌre partie. Il venait tout juste de sortir Timeless, quâil jouait live avec Diane Charlemagne… Jâai ressenti un appel de la nature. (rires) Jâai eu lâimpression que toute ma vie jâavais attendu ça. CâeÌtait une eÌvidence !
- Rhythm & Sound w/ Tikiman – Never Tell You
Extrait du single Never Tell You
Smith & Mighty ? En tout cas, câest treÌs bien.
Non, Rhythm & Sound et Tikiman.
Mais bien suÌr ! Je me souviens treÌs bien de ce disque, mon freÌre lâavait dans ses bacs et il partait comme des petits pains. Quâest-ce que ça vieillit bien, câest merveilleux.
Tu nâavais pas accrocheÌ aÌ sa sortie car ça ne cognait pas assez de ton point de vue de DJ ?
Ce qui mâa attireÌe dans la drumânâbass des deÌbuts c’est lâaspect âcineÌmatographiqueâ et futuriste des morceaux. CâeÌtait farci de samples qui venaient de films, un soin tout particulier eÌtait apporteÌ au sound design et aÌ la recherche de textures â dâailleurs, si tu enleÌves les rythmiques, câest presque de lâambient. Et il y avait ces rythmiques, tous les morceaux en mode âAmen Breaksâ super ciseleÌs, ouÌ il nây avait pas deux mesures qui se reÌpeÌtaient de la meÌme façon… AÌ lâeÌpoque, le dub eÌtait trop calme pour moi, peut-eÌtre parce que je nâai jamais fumeÌ de joints. (rires) Mais je sais que jâai le disque dans ma bibliotheÌque. Je me souviens que mon freÌre me lâa mis dans les mains en me disant : âIl faut que tu lâaies.â
- Tsunami One – Number 43 With Steamed Rice Please
Extrait du maxi Number 43 With Steamed Rice Please
Ouh laÌ, on dirait un Producer ! Bassbin Twins ?
Presque, Tsunami One, alias Adam Freeland et Kevin Beber…
Ah oui ? Je ne le connais pas celui-laÌ.
Tu as eu ta peÌriode nu-skool breaks, non ?
Absolument, câest meÌme ce qui mâa lanceÌe. Quand je mixais drumânâbass, câeÌtait une musique de niche, qui nâavait pas une treÌs bonne reÌputation en France, de la musique de teufers, difficile aÌ deÌfendre. Sorti de Montpellier, Avignon, du Monde aÌ lâenvers
aÌ Lyon ou des soireÌes de Miss Ficel aÌ Paris, il nây avait pas beaucoup dâendroits au deÌbut des anneÌes 2000 ouÌ lâon pouvait jouer de
la drum. Les tenanciers de clubs nâen voulaient pas. Vers 2003, la drum a vireÌ techstep, je ne me reconnaissais plus dans cette estheÌtique froide, ni dans le public des soireÌes. Je me faisais meÌme insulter parce que je ne tapais pas assez. Je me suis tourneÌe vers les productions de Rennie Pilgrem, Plump DJs, Freq Nasty, du label Finger Lickinâ, câeÌtait de la musique de feÌte, au sens noble du terme. Je retrouvais ce qui mâavait seÌduite quand jâavais deÌcouvert lâeÌlectronique, le coÌteÌ acid house, happy hardcore. Au meÌme moment, je me suis mise aÌ en jouer de plus en plus, aÌ Nuits Sonores, au Printemps de Bourges… De fil en aiguille faire danser les gens est devenu mon meÌtier aÌ plein temps.
- Monolake – Tangent I
Extrait du maxi Tangent
Cela ne me dit rien, mais jâaime bien. Mais quâest-ce donc ?
âTangent Iâ, un morceau de Monolake de 1999…
Maintenant que tu le dis, cela ne me surprend pas. Je crois deviner pourquoi on parle de Monolake. (rires) Puisque Robert Henke et Gerhard Behles sont tous les deux aÌ lâorigine dâAbleton Live.
Tu es officiellement la seule femme certifieÌe Ableton Live en France. Comment es-tu passeÌe dâutilisatrice aÌ formatrice ? Il faut quand meÌme un gros niveau de geekitude…
Euh oui… (rires) Câest droÌle car jâai lâimpression que les gens ont deÌcouvert le jour de ma certification que jâeÌtais treÌs porteÌe sur la composition sur ordinateur, alors que je mâen sers depuis plus de 20 ans. Jâai deÌbuteÌ avec un Atari STE qui nâavait pas de disque dur interne et treÌs peu de RAM, Cubase et les quelques syntheÌs que je pouvais me payer pendant mes eÌtudes. Et je me suis formeÌe dans mon coin.
Il y a une certaine logique aÌ te retrouver formatrice…
Totalement, jâai lâhabitude du coÌteÌ deÌfrichage de la partie technique, meÌme si enseigner est arriveÌ par hasard dans ma carrieÌre. Quelquâun que je connaissais cherchait de lâaide pour donner des cours, et ça mâinteÌressait de me frotter aÌ quelque chose que je nâavais jamais essayeÌ. Cela mâa plu bien plus que je lâaurais imagineÌ, câeÌtait un cheminement inteÌressant. Quand tu es toi-meÌme autodidacte, tu es obligeÌ de reÌorganiser tes connaissances et de reÌfleÌchir au meilleur moyen de les transmettre.
Câest devenu une part importante de ta vie professionnelle ?
Mon activiteÌ principale reste le deejaying, les cours repreÌsentent lâeÌquivalent de deux mois dâactiviteÌ, mais toute mon anneÌe est structureÌe en fonction de ces journeÌes de cours, puisque je mâengage aÌ eÌtre disponible.
Dans la vie dâune artiste, avoir un job ânormalâ, avec des horaires comme tout le monde, doit eÌtre une respiration…
CompleÌtement. EÌtre fideÌle au poste de 9 h aÌ 18 h remet les choses en perspective et cette parentheÌse dans mon quotidien me permet de garder les pieds sur terre. Je suis deÌjaÌ quelquâun dâassez structureÌ : quand je ne suis pas en train de mixer aÌ 3 ou 4 h du matin, jâai une vie assez normale. Je ne vois quâun inconveÌnient aÌ ces sessions : en tant que rat de studio, je nâai pas lâhabitude de parler autant et aussi longtemps. (rires)
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