Vous ne le saviez pas, mais Salut c’est cool a fabriqué son propre sound system
À l’occasion de la sortie aujourd’hui des remixes de l’EP Maison par des artistes comme Myd ou Étienne de Crecy, les gars de Salut C’est Cool sont venus nous parler d’une autre de leur création : le sound system qu’ils ont construit eux-mêmes et leur véritable passion pour les enceintes et ce qu’elles symbolisent. Comme toujours avec Salut c’est cool, ça part loin.
Pourquoi avoir choisi de sortir une version remixé de Maison ?
L’idée était de faire revivre les morceaux en proposant à des artistes que l’on apprécie de faire des reprises. Ils reflètent nos habitudes musicales. Il y a dans l’EP des sons de teufs liés aux murs de son comme ceux de Matt Weasel Buster ou DJ Furax.
Justement, on nous a dit que vous aviez construit votre propre sound system, c’est exact ?
On a commencé à créer un mur il y a quelques années, qu’on développe encore. C’est un micro mur qui est dans notre garage, avec un modèle d’enceintes classique : deux MHB-46 et deux MT-130. Il y a deux gros subs et deux satellites. On s’en sert à la fois pour composer nos sons et pour organiser des soirées privées, à coup d’un gros week-end de teuf par an. On avait prévu de le ramener pour la Fête de la musique le 21 juin et faire des croque-monsieur, mais bon, avec les restrictions… En fait, l’enceinte est un objet qui nous fascine, donc son élaboration est venue naturellement.
« On s’est aussi amusé à démonter des enceintes car c’est un objet, une sculpture même, qui nous a toujours fasciné, sans qu’on la maîtrise. »
Comment arrive-t-on à se lancer dans un projet comme celui-là ?
Ça fait partie de nos recherches sur les enceintes. C’est un sujet qui nous fait vibrer (rires). On a fait des expositions avec des tableaux abstraits en forme d’enceintes et de murs de son [voir photo ci-contre, ndr]. On s’est aussi amusé à démonter des enceintes car c’est un objet, une sculpture même, qui nous a toujours fasciné, sans qu’on la maîtrise. On réfléchit beaucoup à son anatomie et ce qu’on peut en faire en ce moment.
Fasciné, carrément ?
Et bien, l’enceinte est un objet discret et j’ai remarqué qu’on ne la regarde pas assez. On ne se concentre pas dessus alors qu’elle a une puissance d’abstraction phénoménale. Elle te fait vibrer, et quand tu la regardes, tu peux voir un visage. C’est une bouche, c’est une sculpture. Quand on va en teuf, on se rend compte de cette présence. Le son sort des enceintes, vous entendez ce qu’il est capable de faire ? Il faut la considérer comme une présence à part entière. Les designers les font toutes noires, ce qui participe à sa trop grande discrétion. On a l’impression qu’on essaie de les cacher. C’est dommage.
C’est une façon pour vous de les personnifier ?
Pas vraiment, plutôt de prendre conscience de leurs présences. La musique électronique ne peut se passer d’enceintes. Il ne faut pas les cacher mais vivre avec. Par exemple, moi, dans ma chambre en ce moment où l’on discute, j’ai une vingtaine de haut-parleurs. Ça fait beaucoup ! (rires). On vit sans arrêt avec cet objet sans s’en rendre compte. Moi, je m’en rends compte.
« L’enceinte est un objet dont on a pas fini de penser et repenser les formes. »
Dans la façon dont tu en parles on sent un réel côté mystique. Ce mélange entre un squelette matériel et une partie immergée de l’iceberg, plus abstraite, comme si elles avaient une âme…
Tout à fait. Ce qu’on écoute, c’est une matière qui vit et qui vibre. Dans le cadre d’une exposition, on a utilisé ce principe pour faire vibrer des objets différents. On a essayé de faire vibrer des objets, comme des boîtes à pizza ou des canettes, donc oui, pour nous c’est mystique car tu n’écoutes plus un haut-parleur mais une boîte à pizza. Cette boîte te parle. Les propriétés du support proposent des fréquences différentes qu’on a l’habitude de connaître, et je trouve ça magnifique. Ce sont des expériences. L’enceinte est à mon sens un objet dont on a pas fini de penser et repenser les formes. Quand on a construit ce petit sound system, on s’est rendu compte sur les forums qu’il y a une communauté qui s’amuse à penser toute une géométrie d’enceintes ultra optimisées en terme de son, et de taille de haut-parleurs.
Quels sont vos projets pour la suite ?
On a du pain sur la planche. On a pas mal de morceaux à finir, de nouveaux à commencer, et une jam de 12h qu’on a fait dans le cadre de la Biennale de Venise, qu’il faut qu’on monte et qu’on finisse.