La mission du label français Vernacular ? Réunir les nouveaux bastions électroniques
En France, les nouveaux bastions de la scène future bass et expérimentale française, érigés aux carrefours de leurs consœurs anglaises et allemandes, lèvent leurs étendards. Toulouse, Saint-Étienne ou Reims ont l’air de ne plus rien envier aux grandes cités. Théo (Soul Edifice) et Vincent du label Vernacular Records sont allés dénicher ces jeunes talents français, encore parfois tapis dans l’ombre, pour les pousser en première ligne. Vernacular Foreigners vol.3 vient de sortir, où Soul Edifice donc, mais aussi A Strange Wedding, Slowglide, Prisme Airlines, Obsidian, Jacques Satre et Zolaa, lâchent les chevaux sur plus de 36 minutes de déstructurations et de distorsions des lignes. Théo explique à Tsugi le mystérieux poisson-pilote qu’est Vernacular.
Comment est né le label Vernacular ?
Vernacular est né il y a quatre ans et le label a suivi il y a un an et demi. Au départ, c’était un collectif d’artistes et on faisait surtout de grandes sessions jam dans notre studio et des dj sets à droite à gauche. Puis, peu à peu, le label a mûri, et on a passé le pas, le label s’est crée comme cela, assez naturellement. De fil en aiguille, on a voulu se diversifier en sortant des various artistes construites un peu comme des DJ sets, et c’est ce qui a donner naissance au projet de compilations Vernacular Foreigners. Pour cela, on a cherché des outsiders du label, des artistes qui n’y sont pas forcément affiliés mais que l’on respecte pour leur productions et leur travail.
« Mon but est de proposer un medium de diffusion qui montre que leur musique est chouette, et qu’un maximum de gens puissent les écouter. »
Quel est le leitmotiv de ces compilations Vernacular Foreigners ?
C’est d’aller chercher toujours plus loin, de fouiller. Je ne me pose pas de limites ou de contraintes entre les termes de headliners, midliners ou newcomers. Par exemple, je pense à Obsidian, que j’ai découvert récemment, et qui n’ont jamais sorti de sons autre part. Mon but avec le projet, c’est de proposer un medium de diffusion qui montre que leur musique est chouette, et qu’un maximum de gens puissent les écouter. J’ai envie de leur faire une belle promo pour qu’ils puissent voguer le plus loin possible, comme par exemple avec les systèmes d’avant-premières que vous faites. Pour l’anecdote, sur Vernacular Foreigners vol.2, l’un des mes coups de cœur est le morceau de Seul Ensemble, qui était sorti quatre jours avant, qui n’avait que quatre ou cinq écoutes et pas de page Facebook (rires). Je suis tombé dessus et j’ai littéralement pété un câble ! On l’a intégré dans la mixtape deux semaines après et elle a cartonné.
Comment trouves-tu ces artistes et comment fais-tu ta sélection pour ses compilations ?
Sur la première, on s’est concentré autour de notre cercle parisien. Pour la seconde, je me suis lancé le défi de placer un maximum d’artistes hors de France. Je suis allé creuser plein de comptes Soundcloud, Spotify ou Beatport. L’idée était de souligner la scène européenne. Enfin, pour le troisième volume, j’ai voulu dépeindre l’Hexagone. Je compose ces compilations avec des gens que j’ai rencontré au fur et à mesure de mes voyages, dans les tréfonds du digging, avec lesquels j’ai accroché et pris de grosses claques. Mais de façon générale, avec Vincent, on va chiner en Russie, à Vilnius (Lituanie), en Grèce ou d’autres pays pour toucher une scène plus large, donc les auditeurs viennent de partout, ce qui nous permet de positionner la musique autre part qu’en France.
« Mais de façon générale, avec Vincent, on va chiner dans d’autres pays pour toucher une scène plus large, ce qui nous permet de positionner la musique autre part qu’en France. »
On sent une certaine hétérogénéité au sein de la nouvelle scène électronique française, qu’en penses-tu ?
Oui, il a une scène hétérogène en France et c’est super positif ! Il y a évidemment une tendance majeur sur la techno industrielle mais il y a en réalité plusieurs micro scènes d’une grande richesse un peu partout, rattachées à des villes comme Toulouse, Saint-Étienne, Reims ou Rennes, où leurs acteurs se connaissent et se retrouvent. Pour moi, c’est l’identité de notre scène, et c’était évident de les rassembler. Ce qu’on essaie de faire avec Vernacular, c’est de mettre en lumière ces nouveaux artistes ou ceux déjà implantés avec la pluralité de leurs styles.
Quels sont les projets pour Vernacular ensuite ?
Je viens du milieu de l’architecture et j’ai toujours voulu allier son et graphisme. Prochainement, on va plancher sur une série qui s’appelle les Vernacular Fields, on a fait appel à un photographe arménien qui fait des photos de montagnes et paysages. Il fait des superbes impressions en monochrome. L’idée serait de rendre quelque chose de léché, et de valoriser le travail des artistes. On compte aussi développer les Vernacular Foreigners avec le vol.4 qui est en cours pour gonfler les connexions avec la France et l’Europe, et à terme, peut-être faire rentrer de nouveaux artistes dans le label.