Confiné.e.s avec… Malik Djoudi
Comme une partie du reste du monde, les artistes sont confinés chez eux depuis des semaines. Nous leur avons demandé comment ils occupent leurs journées, avec au passage quelques recommandations culturelles. Aujourd’hui, c’est Malik Djoudi qui se prête au jeu.
Propos recueillis par Olivier Pernot
Bonjour Malik, où es-tu en ce moment ?
Là, je suis à côté de Poitiers, chez ma mère. Avant le confinement, mes concerts ont commencé à être annulés. J’ai senti le vent du confinement venir et j’ai eu envie de retrouver ma famille. Je suis donc allé chez ma mère, tout comme mes sœurs. Nous nous retrouvons tous ensemble.
Quel est le livre que tu lis actuellement ?
Je lis Les os des filles de Line Papin. C’est un livre qu’on m’a offert il y a quelques temps et que je n’avais pas encore lu. Avant de partir chez ma mère, je suis passé chez moi en coup de vent. J’ai pris du matériel pour faire de la musique et j’ai attrapé ce livre. En fait, je bosse beaucoup la musique en ce moment, mais je lis un peu le soir, tranquillement. Ce livre raconte l’histoire d’une femme qui revient sur ses terres, au Vietnam. C’est un pays que je connais bien. J’y suis allé une première fois il y a cinq ans : une de mes grands-mères est vietnamienne. Depuis, je suis retourné deux fois au Vietnam. Donc ce livre me fait partir, voyager, voir d’autres choses.
Un album que tu viens de redécouvrir et que tu aimes écouter tranquillement, en entier, installé dans son canapé ?
En ce moment, je n’écoute pas d’albums, plutôt des morceaux. Beaucoup de Chopin, et aussi Mild Orange ou Puma Blue. Si je devais conseiller un album à écouter du début à la fin, ce serait The Dark Side of the Moon de Pink Floyd. C’est un album que j’écoute en entier tous les trois ou quatre ans. Et à chaque fois, je le redécouvre.
Un disque pour danser dans son salon ?
Je dirais Channel Orange de Frank Ocean. Je l’ai découvert il y a seulement un mois et demi et je l’adore. J’arrive plus tard que tout le monde sur ce disque. Il est génial. Je le découvre totalement en ce moment.
Un film à revoir, parmi les classiques qui t’ont marqué ?
Ces jours derniers, je n’ai pas regardé beaucoup de films parce que je suis en famille et que nous n’avons pas les mêmes goûts. Alors que normalement, je visionne pas mal de films chez moi ! Mais j’ai quand même vu Papicha. Ma mère a voulu qu’on voit ce film qui raconte la vie des femmes en Algérie. Je suis d’origine algérienne donc ce film m’a touché particulièrement. Je l’ai trouvé assez triste et très joli en même temps.
Un jeu à faire en famille ?
Ce n’est pas un jeu car nous ne jouons pas beaucoup avec ma famille, mais c’est une chance et un privilège que nous avons : nous sommes à la campagne donc nous pouvons aller nous balader dans la nature. Je trouve ça génial de passer du temps avec sa famille, de marcher, de discuter, de prendre le temps.
Un site Internet à fouiller ?
Je profite du moment pour regarder des sites de matos. Je me renseigne en particulier sur les synthés modulaires. Je découvre des techniques de mix. Il n’y a plein de sites, comme Modular Square. Je vais aussi sur les forums et je lis les discussions.
Un plat que tu aimes cuisiner ?
Une de mes sœurs et ma mère assurent en cuisine, mais je cuisine quand même un peu. J’ai fait un poulet au gingembre. J’aime beaucoup cuisiner ce plat. Avec des ingrédients simples : un poulet, du gingembre, des oignons, des herbes. Et pour l’accompagner un plat de carottes et de pommes de terre. Sinon, j’ai prévu pour demain un tajine poulet citron. Je viens justement de préparer la marinade.
Une activité que tu aimes faire ces jours-ci ?
Avec une de mes sœurs, nous suivons une séance de sport sur Internet. Un programme d’abdos et de gainage. Tous les deux jours, nous faisons un cours d’une trentaine de minutes.
Tu as envie de faire quoi en premier à l’extérieur quand le confinement se terminera ?
Voir mes amis. Aller dans une foule, se faire bousculer, marcher sur les pieds. Aller prendre le métro dans une grande heure d’affluence. Et puis, aussi, faire un concert !
Tu prépares quoi pour cette année ?
Mon album précédent, Tempéraments, est sorti il y a tout juste un an, au printemps. Et là, j’étais en pleine tournée. Tous mes concerts vont être reportés ou annulés… Alors je me plonge dans la préparation d’un nouvel album. Je branche les machines et je recherche des textures. J’essaie de ne pas avoir les mêmes automatismes : je me mets en danger. Je commence beaucoup de bouts de morceaux et le lendemain, je réécoute et je trie. Les textes arrivent dans un second temps. Dans mon processus créatif, je cherche des textures, d’où se dégagent des thèmes et des mélodies. Puis ces mélodies m’amènent les mots. Si j’avance bien, j’espère que cet album sera prêt à sortir en 2021. Ces derniers jours, j’ai aussi participé à deux projets : j’ai fait un morceau inédit pour la compilation Music For Containment, à la demande de Molecule, et je suis dans le #projet40 de Taur, qui fait se rencontrer des musiciens avec l’échange de pistes pour créer des morceaux ensemble. Et puis, pour cette année, j’ai encore d’autres projets : j’écris, je compose et je vais produire d’autres chanteurs.
Qu’espères-tu que ce confinement va changer dans nos vies ?
J’espère tout simplement qu’on va revoir nos priorités, qu’on va refaire les choses plus uniquement pour nous-mêmes, mais pour nous tous. Que les choses changent dans le bon sens. J’ai confiance dans ce changement. Nous sommes tous dans le même bateau : il y a une égalité à retrouver entre les hommes.