Chronique : Breton – Other People’s Problems
Signe des temps : le squat londonien qu’occupe Breton est une ancienne banque. C’est là que ce collectif anglais a préparé le hold-up de l’année, un premier album comme un coup de poing, 11 morceaux (sur 160 revendiqués – en moins de deux ans !) comme un condensé d’un certain son des années 10 (on entend les échos de Salem, Mount Kimbie ou Friendly Fires). Un rock très électronique, qui infuse hip-hop et “field recordings”, dubstep et house, noise et cordes (voir l’exemplaire ouverture “Pacemaker”). Plus encore que l’étrange référence surréaliste (on croyait André Breton définitivement rectifié par la bande à Debord), c’est à la démarche de Tricky ou, mieux encore, de Wire qu’on songe en s’immergeant dans cet album dense où rien n’est laissé au hasard.
Méthodiquement, Breton efface les frontières entre genres à coup de titres brillants et alambiqués (“Edward The Confessor”, single choc 2011, “The Commission”, “Interference”…), à la fois intellos et hédonistes, politiques et dansants (“Governing Correctly”). Les Breton ne sont pas des perdreaux de l’année : la trentaine bien entamée, issus d’écoles d’art, ils sont venus à la musique par les arts visuels et le multimédia. Parce que c’était selon eux le meilleur moyen de diffuser leurs idées. Pari réussi : en 2012, Breton donne le ton.
Other People’s Problems (Fat Cat/La Baleine)