Confiné.e.s avec… Yuksek
En ces temps confinés, les musiciens sont eux aussi bloqués chez eux. Nous sommes allés leur demander comment ils occupent leur journées, avec au passage quelques recommandations culturelles. Aujourd’hui, c’est Yuksek qui se prête au jeu.
Propos recueillis par Olivier Pernot
Cela fait plusieurs années que le nom de Yuksek est familier pour tous les amoureux de disco house. Homme aux multiples projets, entre musique de films, pour le théâtre et accompagnement d’artistes via son label Partyfine, il avait publié un nouvel album juste avant le début du confinement, Nosso Ritmo. Aujourd’hui bloqué dans sa ville natale de Reims, il trouve malgré tout le moyen de satisfaire sa curiosité.
Salut Yuksek, où es-tu en ce moment ?
Chez moi, à Reims.
Quel est le livre que tu lis actuellement ?
J’en ai toujours plusieurs à la fois. Je suis le spécialiste des livres en cours de lecture. En ce moment, sur ma table de nuit, il y a La Panthère des neiges de Sylvain Tesson, Avant que j’oublie d’Anne Pauly et aussi Dernières nouvelles de Jim Harrison. Ce dernier livre, je l’ai déjà lu mais je le relis actuellement. Jim Harrison, c’est l’écrivain de l’Amérique profonde, l’Amérique un peu beauf des grandes plaines. Celle des habitants proches de la nature, et finalement en phase avec la planète. Ce qui est un peu paradoxal, car c’est cette Amérique qui a élu Donald Trump.
Un album que tu viens de redécouvrir et que tu aimes écouter tranquillement, en entier, installé dans son canapé ?
En vérité, je fais assez peu ça, d’écouter un disque en entier, surtout en ce moment. Même si je suis chez moi, cette période est très chargée et je n’ai pas le temps d’avoir ce temps-là. Et puis, je suis plutôt dans une période de recherche, je digge des morceaux sur Internet en passant de Discogs à YouTube. Si je devais choisir quand même un disque à réécouter, ce serait Transformer de Lou Reed, un des plus grands albums à mon sens.
Un disque pour danser dans son salon ?
Il n’y a pas longtemps, j’ai acheté les deux compilations Napoli Segreta. Je connaissais déjà un album du groupe Nu Guinea. Là, ce sont deux compilations réalisées par le groupe avec de la musique funk disco italienne des années 1970 et 1980. Ce sont des morceaux un peu oubliés et ces compilations sont pas mal du tout.
Un film à revoir, parmi les classiques qui t’ont marqué ?
Je l’ai revu récemment et c’est un film de j’adore : Interstellar. C’est une belle allégorie de la famille, du lien filial, de la transmission.
Un jeu à faire en famille ?
Ce n’est pas très excitant comme jeu… mais avec ma femme et ma fille, en vacances, nous jouons au Scrabble. Mais c’est plutôt une activité pendant les vacances d’été. Là, nous n’y avons pas encore joué… Mais peut-être qu’on va finir par s’y mettre.
Un site Internet à fouiller ?
En ce moment, j’écoute beaucoup de nouvelles musiques, donc je suis sur Discogs. J’y passe pas mal de temps, parfois trois heures par jour. Je cherche des morceaux, regarde des pochettes. Plutôt des titres brésiliens, ou africains, ou disco. Ou même parfois les trois à la fois. Puis, je file écouter sur YouTube, qui me fait lui-même des propositions qui peuvent être intéressantes. Et c’est un rebond car je retourne voir sur Discogs.
Un plat que tu aimes cuisiner ?
Je cuisine tous les jours et en ce moment, je fais pas mal de plats. Mais il y en a un que j’adore, tout simple et toujours réussi, c’est une vraie bonne purée maison. J’ai une passion pour la purée ! Bien écrasée, avec de l’ail et de la ciboulette. Toute simple. J’ai un super maraîcher qui me donne toujours des pommes de terre fantastiques.
Une activité que tu aimes faire ces jours-ci ?
Je suis très occupé par le montage d’un clip participatif, sur le morceau « The Only Reason » que j’ai fait avec Breakbot & Irfane. J’ai déjà réalisé moi-même trois clips de mon nouvel album. Depuis un moment, je me suis lancé dans le montage vidéo. J’ai appris complètement en autodidacte avec les logiciels Adobe Premiere Pro et After Effects. Pour ce nouveau clip, tout le monde pouvait m’envoyer des images de son confinement et je vais en faire un montage. J’ai reçu une centaine de vidéos. Donc, cela prend du temps de tout visionner, de dérusher, de choisir les images et de les monter. Les personnes qui m’ont envoyé des images sont hyper cools. Beaucoup sont en train de danser. J’ai aussi des images d’animaux assez drôles. Je termine le clip et je pense qu’il sera sur Internet vers le 7 ou 8 avril.
Tu as envie de faire quoi en premier à l’extérieur quand le confinement se terminera ?
J’irai voir la mer. Cela me manque un peu avec tout ce soleil qu’il y a en ce moment. J’ai redécouvert il y a quelques années la Côte d’Azur et il y a de superbes endroits. Sinon, j’irai bien en Corse, évidemment.
Tu prépares quoi pour cette année ?
Déjà, j’ai mon nouvel album, Nosso Ritmo, qui est sorti fin février et j’avais plein de dates. Je ne fais pas de live sur cet album mais j’avais énormément de DJ sets prévus. Tout est décalé donc. Sinon, en ce moment, je réalise deux musiques pour l’écran, une pour un film qui est l’adaptation d’une bande dessinée, et une autre pour une série prévue sur Arte. C’est l’adaptation française d’une série israélienne sur le cabinet d’un psy réalisée par Eric Toledano et Olivier Nakache (réalisateurs d’Intouchables, ndr). Je travaille aussi sur un album de remixes de mon album. J’ai pas mal de travail en ce moment. Ça bosse !
Qu’espères-tu que ce confinement va changer dans nos vies ?
Je ne sais pas, c’est difficile à dire. J’ai l’impression que tout le monde prend conscience que tout allait un peu trop loin, et dans tous les sens. On devenait un peu dingues, avec les réseaux sociaux, avec la consommation, etc. Je parlais très récemment avec un ami qui travaille avec une grosse multinationale. Il me disait que ces méga sociétés allaient devoir réfléchir à leur système de délocalisation à outrance et d’interdépendance avec des pays risqués. Cela peut amener du positif. Mais c’est encore tôt pour le dire…