Inter[re]view : Malcolm n’aurait pas pu faire mieux que cet EP pour lancer sa carrière
Malgré le confinement, la vie suit son court, faite de contrastes entre moments grandioses et graves. Ce sont justement les contrastes qui fascinent l’artiste français Malcolm, qui publie son premier EP chez Biologic Records, avec un nom fort à propos : Baptem. Ce disque est malgré tout la création d’un garçon ayant déjà construit une belle carrière. DJ prolifique ayant fait ses armes à Nice et aujourd’hui basé à Paris, Malcolm est notamment résident chez Rinse France, ancien programmateur du festival Crossover de Nice, désormais derrière le MIDI Festival et fondateur du label Global Warming Records (qui comprend notamment le curateur de notre playlist NOUVEAUX FUTURS, Jon Beige ou N-Ergy).
Lui qui ne produisait qu’en dilettante, « ayant toujours été de l’école de ceux qui promeuvent la musique des autres » nous explique-t-il, Malcolm Mitchell a finalement produit ce disque sur la proposition de son ami et collègue Abstraxion, directeur de Biologic, il y a un peu plus d’un an. L’occasion de se faire plaisir en jouant sur les contrastes avec inventivité, pour finir par produire « un EP schizophrénique comme je les aime, introspectif mais taillé pour les gros soundsystems« .
« Un EP schizophrénique comme je les aime, introspectif mais taillé pour les gros soundsystems. »
Car si la base de cette musique est bien une house au son massif, elle croise des éléments qui semblent ne pas aller ensemble. L’artiste aime « mélanger percussions traditionnelles et ambiances futuristes, envoyer un kick hyper violent sur des harmoniques douces et envoûtantes, changer de tempo et casser les genres« . Le mélange est d’abord un peu déroutant, passant de moments dansants et moites à des atmosphères aériennes, mais il s’avère être au final un parfait compagnon pour danser chez soi et atteindre une sorte de transe intime. Et surtout, le disque reste très cohérent, ayant « un son en commun, une certaine mélancolie dans les accords et une passion pour les basses poussées au max« . Autre passion de l’artiste tout au long de ce disque : les percussions africaines et caribéennes, qui apportent à la musique un aspect chamanique puissant.
Enfin, l’autre source de contrastes dans ce disque sont bien évidemment les collaborations. En quatre pistes, Malcolm inclut un remix de la piste d’ouverture, « Badman », réalisé par le Canadien dont tout le monde parle Nathan Micay, ainsi que deux collaborations : l’une avec la Marocaine ڭليثرGlitter٥٥, puis le claviériste de Flavien Berger et petit génie du synthé Marc Melià.
« J’adore bosser avec d’autres artistes, ça pousse les limites de tout le monde, et surtout les miennes. »
Le mixage a ensuite été réalisé en collaboration avec son ami et talentueux artisan du son Ouai Stéphane. « J’adore bosser avec d’autres artistes, ça pousse les limites de tout le monde, et surtout les miennes » confie le musicien. Cette façon de travailler permet aussi de mutualiser les compétences. Ainsi, sur le track final « Schaerbeek », titre sans cesse en évolution écrit avec Melià : « Je voulais une mélodie complexe et angélique sur une de mes boucles, mais je suis incapable de composer ça aussi bien que Marc. Je lui ai envoyé la loop, et il m’a renvoyé quelques jours plus tard des parties de synthé superbes, qui m’ont donné d’autres idées. Au final, il ne reste aucun élément de cette boucle originelle mais j’aime beaucoup ce que le morceau est devenu. »
À lire également
Glitter : « Je refuse le jeu de ces programmations dites electro-orientales »
C’est une autre histoire d’amitié que l’on retrouve derrière l’envoûtant « Damâa » sur lequel on peut entendre ڭليثرGlitter٥٥ : « Un soir en buvant des coups avec Manar (véritable prénom de la Marocaine, ndr), que j’avais rencontrée quelques mois plus tôt, j’apprends qu’elle chante hyper bien, en plus d’être une excellente DJ à l’identité unique. Je suis spécialement fier de cette collab’ car c’est la première fois qu’elle chante sur un morceau ! » Malcolm ne semble donc jamais aussi à l’aise qu’accompagné, brisant les codes de l’exercice dit solo. Et c’est sans doute au fil de ses rencontres que s’écriront ses futurs disques et ses futures transes.