Ce jour où David Guetta a failli faire de la techno de Détroit
L’histoire commence dans nos mails avec une surprenante offre d’un certain David Guetta. On nous propose de mettre en ligne en avant-première son nouveau track « Detroit 3AM », décrit par son attaché de presse comme un « hommage au berceau de la techno et à ses DJs légendaires Juan Atkins, Derrick May, Kevin Saunderson et Jeff Mills ». Tout content à l’idée d’écouter l’interprétation de la star mondiale de l’EDM du son techno de Détroit, on s’empresse de cliquer et…
Non, le retour aux racines techno et surtout house de David Guetta ne sera pas pour aujourd’hui, vous l’aurez compris. Et nous avons bien dit « retour » car, oui, le Français n’a pas toujours été le roi de l’EDM qu’il est actuellement. À Paris, autour du début des années 90, on pouvait le retrouver chez Radio Nova comme animateur, directeur artistique des Folies Pigalle ou organisateur de soirées électroniques au Rex Club, fédérant déjà son public qui s’est mondialement multiplié par la suite. À cette époque, ses références étaient davantage Strictly Rhythm ou Laurent Garnier que Stade de France (on se réfèrera à son Essential Mix qui le démontre). Laurent Garnier, qu’il côtoyait alors et qui a lui-même rappelé la destinée de Guetta dans son livre Electrochoc (2013) : “Si nos parcours respectifs, la quête artistique qui nous anime, notre public et jusqu’à nos ambitions sont différents, David et moi avons en commun une histoire et une culture. (…) lui comme moi, on vient de la musique noire. On a défendu notre passion pour la house (et pour le hip-hop dans le cas de David) à une époque où on se faisait montrer du doigt pour ça. (…) Il y a vingt cinq ans, Guetta jouait à la fois du hip-hop et de la house durant ses soirées Unity au Rex. Aujourd’hui il a contribué à ce que ces deux genres convergent pour créer un courant pop original.” (p.359).
Malheureusement, sur « Detroit 3AM », pas de house, pas de hip-hop et surtout pas de techno de Détroit. À l’écoute du morceau, la seule référence à la techno qu’on veut bien lui accorder est celle, bien lointaine, qui est faite à Plastikman (l’alias du Canadien Richie Hawtin) et son track « Spastik », avec son fameux snare en triple-croche. Ce même snare que l’on croit retrouver sur le chorus (en contre-temps, tendez l’oreille) et cette même triple-croche que l’on perçoit furtivement dans la rythmique du lead synthé, toujours sur le chorus. Ouais, c’est poussif, on ne vous le fait pas dire. Surtout que ce lead synthé, costaud comme il est, n’évoque pas tant la techno que l’electroclash.
Pour rappel, Détroit, c’est surtout ça. Et si quelqu’un trouve un rapport entre ce qui suit et le track de Guetta, qu’il nous contacte immédiatement. Merci.
https://www.youtube.com/watch?v=fGqiBFqWCTU