Chronique : Manuel Tur – Swans Reflecting Elephants
Jeune prodige de la scène house allemande – il a sorti son premier maxi à 16 ans -, Manuel Tur a produit durant la dernière décennie de nombreuses perles pour de tout aussi nombreux labels. Mais c’est chez les Londoniens de Freerange qu’il a trouvé refuge pour ses longs formats. Après 0201 il y a deux ans, le voilà de retour avec un album au nom étrange : Swans Reflecting Elephants. En réalité, un hommage à un tableau de Salvador Dali, issue de sa période “paranoïaque-critique”. Si l’idée première de cet album “concept” est de nous faire remuer plus ou moins intelligemment du popotin, force est de constater que Manuel Tur s’en sort avec les honneurs. Voire plus.
Ne se cantonnant pas au seul dancefloor, il nous entraîne dans une longue dérive de plus en plus abstraite, sombre, cotonneuse et psychédélique. Chaque morceau est à sa place, suite (il)logique du précédent. Ne surtout pas s’arrêter au titre d’ouverture, le poppy, lumineux et discoïsant “Back To Me”, seul lien avec un univers connu. La suite est une déstructuration insidieuse au long cours, où l’on passe par des choses techno (les hypnotiques “High Needs Low” ou “Obsidian”), jazzy (“Feel”, “Mirrors”) ambient (l’aquatique “Just Love”) ou carrément barrées (la rythmique folle de “I’m Alive”). L’Allemagne aurait-elle trouvé son Carl Craig ? (Nicolas Bresson)
Swans Reflecting Elephants (Freerange/La Baleine)