Chronique : Judah Warsky – Painkillers & Alcohol
Un disque né d’un accident stupide ayant entraîné la perte d’un majeur, rendant ainsi ce claviériste de Turzi (entre autres) incapable de se servir de sa main droite. C’est comme ça que Romain Turzi nous décrit le premier album solo de Judah Warsky, né d’une transe solitaire dans une maison de banlieue parisienne. Dès la découverte de ces quelques titres souvent issus de premières prises et exécutés sur un unique Korg, on comprend vite qu’ils sont le fruit d’un bonhomme resté bloqué chez lui en se faisant monter la fièvre aux anti-inflammatoires autour de ses boucles brutes. Primitif et brouillon, Painkillers & Alcohol n’en demeure pas moins cohérent et convivial, tant ces petites maquettes électro-psyché de chambre donnent envie de s’enfoncer dans les obsessions de Judah.
De ce fourre-tout lo-fi émergent quelques franches réussites : la simili-kraut-techno de “Asleep In The Rain”, le microtube halluciné “Painkillers & Alcohol”, le vaudou-pop à la Terry Riley de “Failure To Comply” et, par-dessus tout un “Garden Of Love” dont émergent ténèbres et majesté sur un texte de William Blake. Une belle œuvre personnelle, spontanée et de peu de choses, qui vient se rajouter à la tradition DIY à la française du label Pan European (Koudlam en tête). Ça valait bien un majeur. (Thomas Corlin)
Painkillers & Alcohol (Pan European Recording/Sony Music)