Glitter : « Je refuse le jeu de ces programmations dites ‘electro orientales' »
ڭليثر Glitter٥٥ (alias Manar Fegrouch), jeune artiste et DJ marocaine de 24 ans, a grandi à Rabat où elle étudie la musique au Conservatoire de la Gendarmerie Royale. En 2010, elle quitte son pays natal pour emménager en France. Après un passage par Amiens et Lille, elle finit par poser ses valises dans la capitale. Désormais, elle est résidente sur Rinse France et d’aucuns ont pu remarquer son nom à l’affiche d’excellents festivals ces deux dernières années (et apprécier ses sets aussi éclectiques qu’exigeants). Elle sera d’ailleurs ce samedi 21 décembre à la soirée I Hate World Music x PAM à Petit Bain.
Lors d’un très intéressant échange avec le magazine spécialisé des cultures africaines Pan African Music, ڭليثر Glitter٥٥ a eu l’occasion d’exprimer sa vision personnelle à propos de la scène electro chaâbi actuelle à laquelle elle est affiliée. Elle y partage son ressenti mais n’hésite pas à parler de ce qui la préoccupe ou lui déplaît dans la manière d’accueillir et de traiter la musique électronique panarabe. Elle dénonce par exemple la mode et l’attraction actuelle pour cette « dimension exotique » de ces musiques : « Je me suis retrouvée dans des soirées labellisées “techno arabe”, avec des gens hyper bornés, simplement attirés par la dimension exotique, de sonorités comprises comme “orientales”. Aujourd’hui, je refuse le jeu de ces programmations dites “electro orientales”. Je suis heureuse que les gens kiffent la musique de nos pays d’origines mais nous devons faire comprendre que ce que nous faisons va bien au-delà. »
« Je me suis retrouvée dans des soirées labellisées “techno arabe”, avec des gens hyper bornés, simplement attirés par la dimension exotique, de sonorités comprises comme “orientales”. Aujourd’hui, je refuse le jeu de ces programmations dites “electro orientales”. Je suis heureuse que les gens kiffent la musique de nos pays d’origines mais nous devons faire comprendre que ce que nous faisons va bien au-delà. »
En effet, la DJ/productrice souhaite, en toute légitimité, que les artistes soient reconnus pour leur véritable valeur et non parce que leur musique s’inscrit dans un effet de mode. « Ça suffit les dromadaires et les percussions, on sait faire autre chose. J’espère que sur le long terme, les artistes originaires du Maghreb seront reconnus pour leurs qualités intrinsèques, et pas uniquement parce qu’ils samplent du chaâbi ou du raï », ajoute Glitter.
Elle déplore alors l’aspect opportuniste de l’industrie de la musique qui risque de dénaturer l’approche artistique : « Moi, ce qui me foutrait en l’air, ce serait par exemple qu’un label débarque, enregistre, bref se serve en musique pour repartir en vitesse, sans considération ni respect pour les musiciens locaux. En mode pillage musical ». Mais Manar Fegrouch ne renie pas pour autant la musique qui a bercé son enfance, car pour elle, les artistes de sa génération originaires du Maghreb devraient être des « passeurs » et non des « portes-voix ».