Chronique : Busdriver – Beaus $ Eros
Si vous avez passé des heures sur votre console devant Tony Hawk’s Underground, vous êtes familier du flow agile et véloce de Busdriver; son tube “Imaginary Places”, dans la bande-son du jeu, permettant d’enchaîner les figures à toute vitesse. Regan Farquhar, de son vrai nom, est un MC de Los Angeles qui régalait les scènes open mic au milieu des années 90. Depuis, le “conducteur de bus” a enchaîné les collaborations évidentes (Daedelus, Radioinactive), surprenantes (TTC, Modeselektor) et les albums solo plus ou moins réussis (le précédent, Jhelli Beam, n’était pas des plus originaux). Marre d’être rangé dans le tiroir “hip-hop underground technique de la côte Ouest”, il revient avec Beau$Eros, un disque décomplexé et résolument pop, où il pousse la chansonnette comme jamais auparavant.
Les musiques sont joyeuses, mélancoliques et imprévisibles. Délaissant l’exercice de style technique qui a fait sa renommée, Busdriver fredonne de douces mélodies (“Bon Bon Fire”), se pare d’un délicieux groove (“Feelings”), roucoule (“You Ain’t OG”) et émeut (“Electric Blue”, en compagnie de CocoRosie)! Un disque qui ravira vos parents si toutefois vous omettez de leur faire écouter “Ass To Mouth” à la thématique un peu salace… Mention spéciale pour “Kiss Me Back To Life” et sa vidéo fluorescente, qui provoquera à coup sûr des terreurs nocturnes. Le rappeur devient chanteur le temps d’un disque audacieux et réussi. Les détracteurs se raclent déjà la gorge. (Malick Gueye)
Beaus $ Eros (Fake Four/Module)