Exclu : Nihilisme, punk et rap qui tache, Viktor & The Haters sort son premier album
Chez Tsugi, on aime bien ce qui sort des cadres. La musique venue d’ailleurs, le contre-pied. Alors forcément, au milieu de toute cette scène rap de jeunes hommes sensibles chantonnant leur spleen et leur weed sur des instrus trap, Viktor & The Haters fait tache. Le genre de trace de gazole, de bière, de sueur et de cendres, qui part pas au lavage. Les réflexions d’un plus si jeune mec carrément remonté, addict à tout, rappeur et pas chanteur, qui ne passera jamais, ô grand jamais, dans les soirées de gens bien rangés.
Mais alors, qui est ce gars qui parle d’acid, de cul et de rap, jouant intelligemment dans ses textes avec la révolte, le chaos, le nihilisme, les codes de la masculinité (en résumé, on peut être trash et parler de levrette sans être macho, oui oui), sachant que tout ça fleure quand même pas mal le mauvais goût et la 8.6 ? Qui porte toujours en lui « la rage de [ses] vingt ans sans le balai dans le cul » ? Qui n’est « jamais là où on [l’]attend – du coup on [l’]attend plus » ? Côté rap, Viktor, à qui souvent était accolé le pseudo de (mauvais) graffeur du 18ème arrondissement Coup?K, ancien leader du groupe Kalash aujourd’hui échappé en solo. Et côté prod, The Haters, entre punk et électronique, avec au casting Ossama, Cyrille Sudraud du groupe parisien de rock HushPuppies et Maître Madj, ancien d’Assassin. La légende raconte qu’ils se sont trouvés en discutant de Bukowski et Despentes, ça ne s’invente pas.
Ce vendredi 29 novembre, ils accouchent, enfin crachent, un premier album, Black Out (I), à écouter en exclusivité sur tsugi.fr. Et pour ce faire, les trois ont été notamment rejoints en studio par les guitaristes Etienne Nicolas de Cheveu et Yan Péchin, croisé chez Miossec, Bashung ou Brigitte Fontaine, l’influence des deux derniers se retrouvant pas mal dans l’album, entre autres sur le plus spoken-word « Blackout ». Un disque dense, dans l’ego-trip de looser sur « Trasher l’époque », anti-rap de stade sur « Ici ça brûle ! », frôlant l’autodestruction sur « J’dois être gueudin », en grosse descente et mauvais vin sur « Sous le même jour ». Du rap-punk chargé en disto qui se fêtera le 12 décembre au Nouveau Casino à Paris avec en guest Gérard Baste des Svinkels et Princesse Näpalm pour une soirée de poètes (ou pas). Les Haters gonna hate, et c’est exactement ce qu’on leur demande de faire.