Movement Torino : on a rendu visite à la petite soeur du festival de Détroit
Voilà maintenant 20 ans que le festival Movement célèbre la techno dans son berceau natal de Détroit. Et si le prochain week-end du Memorial Day américain et l’édition 2020 du festival sont encore bien loin, il est donc facile de comprendre pourquoi nous n’avons pas hésité un seul instant à aller prendre le pouls de sa petite sœur turinoise un soir d’Halloween 2019.
Oui, vous avez bien lu : la petite sœur. Mais pas celle aux cheveux houblonnés commandée dans un bar alors que vous auriez dû rentrer il y a 2h, ni même la jeune fille timide qui se cache encore derrière papa-maman. Non, ici il s’agit de celle rebelle, enthousiasmée par ses 15 printemps et envahie par une irrémédiable envie de montrer au monde qu’elle a définitivement pris sa place à la table des grands.
Arrivé à l’entrée du site peu après l’ouverture, il n’y a pas foule, on passe donc les contrôles de sécurité en quelques minutes. On pénètre alors dans l’enceinte du bâtiment pour découvrir deux énormes hangars de béton. Le premier est décoré aux couleurs d’une marque de boisson alcoolisée à base de plante et dont le cerf emblématique trône fièrement dans un coin de la salle, affichant une imposante taille de 2,80m au garrot. De l’autre côté, une scène ornée d’une dizaine de grands carrés lumineux diffuse le set de Jonny & Travis dont les sonorités tech-house sont portées par des basses déjà très lourdes. Il est 21h45 et ça clairement ça frappe bien fort.
Dans le second hangar les murs ont aussi commencé à trembler avec Amélie Lens qui entame son mix devant une foule désormais nombreuse et compacte. Ici, c’est le logo Seat qui s’est fait une place relativement discrète dans les coins supérieurs de la scénographie. Les amateurs d’histoire automobile apprécieront d’ailleurs la douce ironie de la situation, l’usine accueillant l’événement n’étant autre qu’une ancienne fabrique Fiat. Scène Techno oblige, la foule se sert devant les enceintes et entre les six piliers de béton qui ornent ce second dancefloor, donnant à cette salle des airs de gigantesque bunker en pleine rave party. L’atmosphère s’intensifie rapidement, tant et si bien que très vite résonnent UR, « The Bells » et autres SRVD remix du « Another Club » de Radio Slave. Il est 00h et l’ambiance ravageuse proposée par la DJ belge a conquis le public.
Après quelques allers-retours entre le bar, la zone fumeur et les toilettes, c’est sur le set d’Anastasia Kristensen que l’on se fixe. On échange avec les différentes personnes du public, dans l’ensemble assez jeune, et on comprend vite qu’ici on fait la part belle à la techno lourde, abrasive, tout en appréciant ces espaces de respirations indispensables offerts par la mélodie. À vrai dire on s’en doutait un peu entre leur ferveur façon Dominator Festival et ces hoodies Thunderdome et Enzyme Records aperçus au loin. Sur la première scène Michael Bibi ne fait pas non plus dans la dentelle. Sa tech-house se fracasse directement sur un public déchaîné, où désormais les silhouettes des danseurs se confondent et laissent place à une marée de bras et de têtes tous rivés vers les enceintes. On passera une dernière fois la tête dans la salle techno, pour danser avec Jamie Jones et Joseph Capriati et finalement quitter les lieux au moment où résonne une reprise du « The Underground » de Celeda en mode turbine. Il est 5h et 10000 personnes ont fait de l’édition 2019 du Movement Torino un sold-out bien mérité. Espérons que les prochaines soient autorisées à accueillir plus de monde car visiblement la petite sœur s’est fait une belle et grande bande de potes !