Normalement, Hyperdub n’est censé sortir que des trucs mentaux et super pointus. On connaît la tendance, assez naturelle chez le briscard du grime Terror Danjah, à en faire un peu trop, la gueule de la pochette n’étant pas là pour nous rassurer. Heureusement, il le fait avec bon goût. Si vous ne jurez que par le minimalisme sec et étrange d’un The Bug ou les basses souterraines d’un Vex’d, vous aurez du mal à plonger dans la nuit futuriste d’un Dark Crawler shooté à une drogue qui n’a pas encore été inventée. Une version augmentée du Danjah 1.0, en quelque sorte, le son développé étant plus puissant que sur son précédent Undeniable, d’au moins trois crans. Les tueries nommées “Dark Crawler Interlude”, à l’instrumentation identique mais invitant des MC’s différents à chaque occurrence dans l’album, sont aussi peu subtiles qu’elles sont jouissives. On aura davantage tendance à se laisser embarquer par le bhangra beat de “Delicately”, certes cheesy, mais néanmoins savoureux, ou par la bass music crasseuse de “Rum Punch”, ces deux morceaux étant ­tellement durs à rapprocher qu’on se demande parfois ce qu’ils foutent sur le même disque. C’est sûrement l’erreur qui rend tout ça un peu bancal, un peu comme une recette avec trop de bons ingrédients. (Mathias Riquier)

Dark Crawler (Hyperdub/Differ-Ant)