En 2006 sortait Fur And Gold, premier album sur lequel Natasha Khan se plaçait en héritière crédible de Björk et Kate Bush : pop excentrique, production surprenante, chant hanté. Théâtral, mais saisissant. Quand en 2009 sort Two Suns, deuxième fournée amorphe, glaciale, amélodique et vainement prétentieuse, il est pourtant difficile de résister à l’envie de se moquer : la caricature mi-blogueuse mode (talentueuse) mi-chamane des villes n’aide pas. Et ce troisième album tant craint commence mal : les quatre premières pistes entre électro-pop et sonorités orientales irritent. Pire, la voix de Natasha semble de plus en plus précieuse, de plus en plus surjouée. Pourtant à partir de “Laura”, cinquième morceau en forme de piano-voix immaculé et magnifiquement retenu, l’élégante Natasha semble partiellement retrouver sa voie. C’est le cas avec les puissantes incantations aux basses vrombissantes du morceau-titre ou avec la ballade percussive en forêt “Rest Your Head”. Les chœurs, la production et les arrangements manquent encore souvent de finesse, mais l’espoir est permis. Et puis la pochette vaut le coup à elle seule. (François Blanc)

The Haunted Man (Parlophone/EMI)