Ouverture, créativité et parcours secrets : découvrez le concept novateur des Nuits Secrètes
L’ennui est parfois un moteur formidable. S’il peut attiser la tristesse et amorcer la bêtise, il nous force également à devenir créatif, drôle ou ambitieux ; on combat alors le vide avec les meilleures armes. De l’ennui naissent des passions, des vocations et de belles idées. Comme un producteur électronique qui entame ses premières compositions sur l’ordinateur familial ou une bande de jeunes du Nord de la France n’ayant pas grand-chose à faire sinon écouter des disques. Nous sommes à la fin des années 90 et cette même clique se met à organiser des concerts dans une région qui y semble peu disposée ; enclavé, miné par le chômage et la désindustrialisation, le Nord n’a pas vraiment la cote. Mais peu importe l’alignement des astres : en 2001 émerge le festival Les Nuits Secrètes, qui, à l’aide d’un concept rafraichissant et novateur, « ouvre les chakras » de ses visiteurs le temps d’un week-end.
Il faut dire que la commune d’Aulnoy-Aymeries n’est pas non plus dénuée d’intérêt ; à deux heures de Paris, mais surtout une heure de Lille et Bruxelles, les Nuits secrètes peuvent se targuer d’être « le plus belge des festivals français », comme le souligne Olivier Connan, programmateur de l’évènement. « Outre l’emplacement, nous avons une histoire finalement assez proche de Dour : des jeunes mélomanes qui organisent des concerts, puis des petits festivals qui finissent par grossir. Si les Belges sont devenus phénoménaux à tous les niveaux, tandis que nous souhaitons plutôt rester « à taille humaine », nous avons le même objectif : décloisonner. »
Profiter des festivités estivales pour faire tomber les barrières musicales, tel est le mode opératoire des Nuits Secrètes depuis 18 ans : « Quand tu vas en festival, tu veux goûter à plein de trucs : de la bouffe, des bonnes bières, ou même autre chose… » s’amuse-t-il. « Il y a une certaine perméabilité liée à la période qui facilite les rencontres et les découvertes. C’est pourquoi on n’hésite pas à mélanger les esthétiques. Les festivaliers pourront par exemple se prendre le rock crade de Fat White Family entre Columbine et Metronomy. » Nekfeu après Hot Chip, M avant Kompromat et Paul Kalkbrenner ; l’alliage et la confrontation des styles favorisent la curiosité. Et cela ne concerne pas que les têtes d’affiche.
En effet, le festival des Hauts-de-France doit son nom et une partie de son succès à un concept unique : les parcours secrets. Il s’agit de concerts surprises – les artistes ne sont annoncés qu’au lever de rideau – dans des lieux insolites, dissimulés aux alentours du festival. « Cela crée des expériences mémorables, et ce à plein de niveaux. D’abord pour le festivalier, qui est emmené dans un endroit qu’il ne connait pas, pour voir un artiste qu’il ne connaît pas. Il y a un côté « colonie de vacances », voir même « aventure dont tu es le héros » très appréciable. D’autant plus que le processus normal d’un concert est inversé : d’habitude, le spectateur attend de voir les musiciens monter sur scène. Ici, c’est l’artiste qui guette l’arrivée du bus transportant les festivaliers. », explique Olivier Connan. « Il y a également quelque chose de très touchant ; on passe l’année à chercher des potentiels lieux chez les particuliers. Cela crée du lien social, ainsi qu’une certaine fierté locale. » Sans oublier une véritable émulation artistique et une grande part de création : » Le concept des parcours secrets permet une grande part de sur-mesure et d’improvisation. Le nouveau live de Molecule a par exemple été élaboré au Printemps de Bourges et sera joué ici. Ou encore l’association de Laure Brisa et Canblaster (Club Cheval) : ils joueront seulement deux fois ensemble, puis deviendront un projet éphémère qui ne reviendra pas. » Un bassin métallurgique transformé pour accueillir d’inédites expériences musicales ; l’ennui est décidément devenu bien excitant.
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