Toujours plus expérimental. Matias Aguayo, producteur chilien reconnu dès 2005 dans les meilleurs clubs berlinois, nous avait déjà habitué à une techno hybride, riche d’influences diverses, de la new wave à la techno minimale en passant par l’ajout de stylistiques sud-américaines. Mais c’était sans compter son cinquième album, Support Alien Invasion, qui sort aujourd’hui sur Crammed Discs et Cómeme.

Car, comme son nom l’indique, c’est un véritable OVNI. Outre les sonorités étranges, pour ainsi dire assez ectoplasmiques, qui courent sur l’ensemble de l’album, dessinant au passage des paysages sonores plus qu’originaux, Aguayo s’est engouffré dans une expérimentation audacieuse : appliquer à de la techno des harmonies et des signatures rythmiques inhabituelles pour ce genre. « The Fold », par exemple, le morceau d’introduction, signe un des beats les plus intrigants : un mélange de poly-rythmes, qui crée, pour notre plus grand bonheur, un groove vacillant et perturbant, alors que des notes de synthé quasi radio-actives nous font côtoyer la dissonance autour d’un très léger triton. Tous les morceaux ou presque, à l’image de « We Have Seen Another World » ou de « 2019 », sont fondés sur des beats non-occidentaux. Tout comme « Pinkin », dont on peut déjà depuis le 5 avril admirer le très beau clip.

On y voit Aguayo, Aurélie et Nicolas Zémire lancés dans une danse effrénée en pleine rue, comme pour se réapproprier l’espace public. Tandis que le morceau suivant, « Laisse-moi parler » nous rappelle que l’album est exclusivement… instrumental. Hé oui, la liberté d’expression est aussi un combat musical ! Avec un résultat fiévreux et cruellement dansant, et non sans une certaine inquiétante (mais jouissive !) étrangeté, Support Alien Invasion déconstruit les références et nous invite en tant qu’occidental à découvrir de nouveaux horizons musicaux. Ne serait-ce pas ça, finalement, l’invasion d’aliens qu’il faudrait soutenir ?

Support Alien Invasion en écoute sur Deezer…

Et sur Spotify…