« Edge Of Everything » : le premier album puissant et engagé de Paula Temple
15 ans. Peu d’artistes évoluent aussi longtemps sans produire de long format. Ce n’est pas le cas de Paula Temple, qui sort aujourd’hui son tout premier album, Edge Of Everything. Des aspects de fins du monde, une techno futuriste et robotique, des textures distordues. L’attente fut récompensée.
« Edge Of Everything fait référence à l’époque paradoxale dans laquelle nous vivons » nous expliquait la productrice dans notre numéro d’avril 2019. Une époque comme un précipice donc, ce qu’un synthétiseur strident et une basse grésillante n’hésitent pas à faire ressentir, comme sur le titre « Futures Betrayed ». En douze morceaux, la DJ plonge dans les tréfonds de la techno industrielle, la techno si puissante dont elle a le secret, et qui alimente son succès. Le but ? Encourager un recadrage de la politique dominante en utilisant l’émotion brute : « C’est un problème de civilisation : il serait parfois si simple de faire autrement, mais on ne le fait pas parce qu’on est piégés par des mauvais choix qui finiront par nous détruire. »
L’album se construit donc autour d’un genre plus sombre, avec une variété de sons différents, du synthé à la batterie pour un effet caverneux sans précédent. Un manifeste politique à l’encontre des dirigeants peu scrupuleux et d’une hiérarchie verticale archaïque. En témoigne l’utilisation de mythes ancestraux comme avec « Joshua And Goliath » (en version slow ou techno). « Raging Earth » quant à lui, provient d’un cauchemar qu’aurait fait la productrice, dans lequel les humains seraient parvenus à détruire la planète. Un album à la fois épique et apocalyptique donc, comme une douche froide.