Il y a 25 ans jour pour jour, Aphex Twin sortait « Selected Ambient Works Volume II »
Le 7 mars 1994, Aphex Twin prenait le monde à contre-pied avec Selected Ambient Works Volume II. Quasiment vidé de toutes percussions, atmosphérique à souhait et produit de façon minimale, le disque détonne et surprend. Un premier coup d’éclat pour cet artiste qui, encore aujourd’hui, demeure parmi les plus imprévisibles.
Car Richard D. James n’est plus un inconnu en cet hiver 94. Déjà auteur de la série des Analogue Bubblebath sous le nom AFX, le musicien avait entamé, deux ans auparavant, la marque Aphex Twin avec Selected Ambient Works 85-92. Album cultissime, ce dernier demeure un incontournable de la techno et des prémices de l’IDM, puisant dans les sonorités acid qui dominent l’Angleterre de la fin des années 80 et du début des années 90. Mais Selected Ambient Works Volume II n’est pas simplement une suite. Au contraire, il s’écarte de son prédécesseur avec des titres tous plus expérimentaux les uns que les autres.
Et d’ailleurs, la réception n’est au départ pas que positive. La comparaison est rapidement dressée avec la musique ambient plus traditionnelle de l’époque, offerte par des pionniers comme Brian Eno. Dans sa critique, le journaliste américain Robert Christgau décrit d’ailleurs le disque comme étant « rarement aussi bon ou riche qu’un Eno« . Mais l’importance de cette sortie n’est aujourd’hui plus remise en cause. Classant les 10 meilleures oeuvres d’ambient de tous les temps, la magazine Pitchfork la place en deuxième position. Un livre, paru en 2013, a même été réalisé à son propos.
Mais surtout, il est difficile de ne pas voir transparaître la marque des expérimentations d’Aphex sur Selected Ambient Works Volume II dans les sorties ambient, IDM, techno et plus globalement électroniques actuelles. Son usage de micro-intervalles, à savoir de notes de musique qui ne figurent pas sur un clavier classique, est désormais fréquent, comme en témoigne la récente sortie du producteur de techno berlinoise Efdemin. Les samples cauchemardesques, les voix distordues et modifiées au possible, sont eux aussi devenus légions, présents jusque dans le dernier album de James Blake. Et comme c’est souvent le cas avec des disques si influents, il s’écoute encore, 25 ans après, comme une sortie récente.
Ré-écoutez Selected Ambient Works Volume II :
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