Chronique : Deerhunter – Monomania
En quelques années, Deerhunter est devenu le roi du pétrole de l’indie rock. Une sorte de Radiohead des années 10. Écriture brillante, attitude freak assumée et carrières solos exigeantes (Atlas Sound pour Bradford Cox et, un ton en dessous, Lotus Plaza pour Lockett Pundt), ce groupe tenant de l’expérimentation dans la pop fait aujourd’hui l’unanimité, et est l’un des rares capables de séduire les foules sans se couper du public indé, toujours prompt à brûler ses idoles. Après Halcyon Digest (2010);
INSERT INTO `wp_posts` VALUES unanimement salué comme le chef-d’oeuvre du groupe par les hipsters du monde entier, Monomania opère un retour aux sources que beaucoup diagnostiqueront sûrement comme un pas en arrière. On défendra ici que c’est tout le contraire : après l’accident Halcyon Digest, Deerhunter reprend les choses où il les avait laissées sur Weird Era Cont. (2008). Nanti d’un nouveau bassiste et d’un nouveau guitariste, le groupe d’Atlanta parvient comme jamais sur les douze titres de Monomania à maîtriser les mélodies pop immédiates pour mieux les fracasser sans sommation sur des murs noise (voire des démarrages de mobylettes) ou les enserrer dans des chansons quasi punk, tout en gardant un sens hors norme du refrain entêtant et des textes sombrissimes. C’est ce qui en fait sans doute le meilleur album de Deerhunter qui résiste à la mode pour creuser encore son sillon et se hisser près de ses aînés et modèles Velvet Underground ou The Jesus&Mary Chain. Sans ostentation, mais avec classe. (Matthieu Recarte)
Monomania (4AD/Beggars)