C’est quoi un concert ? Et encore mieux, c’est quoi un concert rĂ©ussi ? Une relecture avec maestria d’un catalogue, avec interlude Ă Ă©changer avec le public, tube et reprise bien sentie en rappel (en l’occurrence « Syracuse »), et salut final plein d’Ă©motion sous une standing ovation ? Il y avait tout ça au concert de Feu! Chatterton au ZĂ©nith de Paris le jeudi 24 janvier. Concert rĂ©ussi, donc. Mais le quintet parisien est allĂ© au-delĂ de tout ça et a proposĂ© autre chose, un je-ne-sais-quoi qui a transformĂ© leur concert en spectacle. Arthur Teboul, le chanteur, y a racontĂ© des histoires, son allure de dandy un poil bourrĂ© chevillĂ© au costume trois-pièces. Peut-ĂŞtre qu’il y a de lui dans ces paroles, comme sur le toujours poignant « A l’aube » racontant le dĂ©part vers d’autres contrĂ©es d’un ami proche. Mais le groupe a toujours gardĂ© une distance de grands conteurs au long de cette setlist oĂą le chant surannĂ©, avec diction Ă la Aznavour, se cogne Ă une BO rock ou vaguement jazz bien plus moderne. Arthur a beau balancer un « j’ai grand besoin de m’Ă©pancher » entre deux titres ou se raconter sur « Souvenir », c’est fait avec une telle classe et une telle pudeur que chacun peut transposer les siens, de souvenirs, sur cette grande Ă©popĂ©e en musique d’un peu moins de deux heures. Et en cela, avoir invitĂ© Catastrophe (voir Tsugi 109) en première partie Ă©tait très malin, puisque le collectif touche plus au théâtre musical qu’au concert au sens classique du terme. Longs monologues appelant Ă vivre pleinement et sans peur du ridicule, danses dĂ©complexĂ©es, chansons dont on ne sait pas vraiment s’il s’agit de foutage de gueule ou non (« Nuggets », ça parle de pĂ©pites d’or mĂ©taphoriques ou de poulet frit?), happening consistant Ă manger, littĂ©ralement, les peurs des spectateurs inscrites sur des petits bouts de papier… C’est Ă un conte en musique que nous ont invitĂ©s les Catastrophe, avec comme envie affichĂ©e de chambouler le public et de le faire rĂ©flĂ©chir sur sa propre manière d’apprĂ©hender la vie. Un spectacle donc, qu’on pensait, aussi bien pour Catastrophe que pour Feu! Chatterton, difficilement transposable dans une grande salle froide comme le ZĂ©nith. Faux : il s’est passĂ© quelque chose ce jeudi soir lĂ . Quelque chose d’un peu plus grand qu’un concert.

Crédit : Nicko Guihal / Zénith Paris La Villette

Crédit : Nicko Guihal / Zénith Paris La Villette