Chronique : Fairmont – Automaton
Les dancefloors n’échappent pas aux problèmes de courants d’air. Le genre d’air un tantinet collant, sentant le tabac froid et glaçant les os. Jake Fairley, lui, est un climatologue, un petit Zeus noctambule, qui déplace les masses d’air. C’est bien simple : le dernier album de son projet Fairmont, Automaton, n’a pas tissé de pont entre techno et new wave, il a comblé un gouffre entre deux falaises. Sa technique pour les rapprocher, c’est d’y ajouter de la pop. Si ses albums chez Border Community n’ont jamais respiré le tropicalisme, celui-ci transformerait n’importe quel clubbeur à mulet en chauve-souris à cravate, regard fuyant en sus. Si vous ne commencez pas à planer au-dessus de votre corps à l’écoute de “Fate”, c’est que vous êtes un robot. Le producteur canadien cryogénise à coups de synthés, et d’une voix traitée autant qu’il est nécessaire (le tubesque “Alkaline”). La question qui se pose étant “a-t-on vraiment envie d’écouter cette musique de corbeaux neurasthéniques en 2012, à cette époque de l’année” ? Plutôt dix fois qu’une, quitte à tourner au paracétamol pour faire passer la fièvre qui nous enivre à chaque instant de cet excellent disque. (Mathias Riquier)
Automaton (My Favourite Robot/La Baleine)