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9 novembre 2018

L’album du mois : Shlømo – « Mercurial Skin »

par Estelle Morfin

Comprendre d’où l’on vient pour mieux comprendre qui l’on est” reste une maxime éternellement juste. C’est aussi celle que Shaun Baron-Carvais, alias Shlømo, avait sans doute en toile de fond lors de l’élaboration de son tout premier album. Comme il l’avoue lui-même, ces quatorze titres sont un hommage aux artistes qui l’ont influencé et qui lui ont fait découvrir la musique électronique, les grands noms de la fin des années 90 et du début des années 2000… La plupart sous l’indémodable enseigne Warp, avec bien sûr Autechre ou Boards Of Canada, duos géniaux qui ont transcendé toute une génération, à qui Shaun emprunte les pads rêveurs (“Hadal Zone”) et les rythmes bavards à plus de 140 BPM (“Mercurial Skin”, “Low Key Love”), un aphextwinesque “Napalm” ou encore cette tendance à l’arpeggiator (“Maara”) sur les synthés de toutes sortes (mais quand même beaucoup de Korg Mono/Poly), ou plus globale- ment les artefacts de cette période courte mais fantastique qu’était l’IDM…

D’un autre côté, il y avait aussi à cette époque l’expansion d’une facette retentissante de la musique électronique, où une techno peu mélodique faisait grand fracas à coups de boîtes à rythmes Roland (ou autres), “Jäger Mod” en témoigne – avec cet aspect pourtant organique qu’affectionne Shlømo – voire les côtés transe dans “Mouais”, ou lm d’angoisse pour “Brother”. On se rappelle également dans “Ivory” cette tendance du début du millénaire de donner toute sa force à un morceau en l’agrémentant de puissantes notes basses tenues sur quatre mesures et de quelques effets “sidechain”. Tous ces styles qui l’ont nourri, Shaun les a intégrés d’une main de maître, avec sa sensibilité propre, son inclinaison toute particulière pour les synthés et les pads avec beaucoup d’écho, ajourés de kicks retentissants. S’il est normal pour celui qui avait glissé vers l’ambient “pur” d’intégrer dans Mercurial Skin des interludes comme “Maintain The Lie” ou “Minotia”, ou de s’essayer au drone (sur “Anastatia”), l’album ne se limite pas un catalogue d’exercices de style. Avant d’être une ballade agréable dans l’histoire de la musique, Mercurial Skin est surtout une première étape vers l’éclosion totale d’un grand nom de la musique électronique d’aujourd’hui.

L’album sort en vinyle vendredi 16 novembre.

 

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