Chronique : Kelpe – Fourth : The Golden Eagle
Quiconque baigne un peu dans le monde de la musique connaît le précepte suivant : lorsqu’un musicien se met à énumérer sa discographie dans ses titres d’albums, il (et nous avec) devrait se poser des questions sur la vacuité de sa quête. C’est d’ailleurs ce qui a surpris chez Kelpe, qui avait jusque-là su maintenir en nous une piquante curiosité à chacune de ses sorties. Le beatmaker anglais tient toujours sa formule par les cornes, et la maîtrise de mieux en mieux, si bien qu’il a même le temps de se relâcher un peu. Et ça se ressent : The Golden Eagle (zappons le “Fourth” par compassion) continue dans cette veine “abstract hip-hop mystique, enfantin et plein de textures” sans trop tenter de l’amener plus loin. “Beaks Of Eagles”, et ses mini-arpèges de synthés presque animaliers, donnent envie de se retrouver dans un monde imaginaire peuplé de bestioles bariolées, et c’est déjà pas mal, mais celui qui connaît déjà les tours de passe-passe de Kelpe sera probablement déçu de ne pas en découvrir de nouveaux. “Nice Eye In My Size” et sa mélodie délicieusement de traviole, ou l’aridité feinte de “Puds” n’en restent pas moins d’excellentes madeleines de Proust, qui donnent terriblement envie de se repasser Ex-Aquarium. Allez, il lui suffira peut-être de ne pas appeler le prochain “Five” pour s’éviter un mauvais karma.
Fourth : The Golden Eagle (Drut/La Baleine)