Nancy Jazz Pulsations : un festival de 7 à 77 ans
Peu de festivals en France peuvent se targuer d’une longévité digne de celle des Nancy Jazz Pulsations. Fondé en 1973, l’évènement lorrain nous a donné rendez-vous du 10 au 20 octobre pour fêter en musique son 45e anniversaire. Un quasi demi-siècle qui aura fait du festival un rendez-vous immanquable pour les amateurs de jazz, soul ou blues. Avec Ray Charles en tête d’affiche de leur première édition, les NJP auront donné le ton de leur programmation qui au fil des années a accueilli des légendes telles que Miles Davis, Nina Simone ou B.B. King.
De Maceo Parker à Jazzanova ou Lisa Simone, cette édition anniversaire avait encore de quoi ravir les connaisseurs. Mais la force du festival a aussi toujours été de savoir résonner avec son temps. Créées par une bande de jeunes nancéiens, les Nancy Jazz Pulsations ont conservé l’esprit juvénile de leurs débuts et se sont ouverts à d’autres horizons musicaux. Aux cotés des traditionnelles soirées entre jazz et blues, se sont aussi invités le rap de Kekra et 13 Block, la nouvelle génération de la chanson française représentée par Eddy de Pretto et Clara Luciani ou les musiques électroniques mises à l’honneur avec une soirée dédiée à la techno berlinoise et un plateau rassemblant un Arnaud Rebotini et un Laurent Garnier toujours aussi majestueux. Des 98 concerts de cette cuvée 2018, on retiendra aussi les prestations de Kikesa, rappeur local qui connait le succès sur Internet grâce à son hymne en hommage à Nancy, et de Jeanne Added venue confirmer sur scène tout le bien que l’on pense de son album Radiate.
L’éclectisme musical de cette programmation se lie aussi avec la diversité des lieux affichée par les Nancy Jazz Pulsations. Si les principales soirées se tiennent dans le chapiteau central dressé au cœur du parc de la Pépinière, à deux pas de la célèbre place Stanislas, en tout ce sont plus de neufs lieux différents qui ont accueillis le festival. Du théâtre de la Manufacture à la salle de musique actuelle de la ville, de l’Opéra National de Lorraine aux concerts dans des restaurants universitaires, la musique s’invite alors à travers tout Nancy. Surtout, cette multitude des lieux résonne avec le festival et son public. L’esprit des Nancy Jazz Pulsations se retrouve aussi bien dans une soirée jazz à la moyenne d’âge – il faut le reconnaître – particulièrement élevée, que dans un plateau rap au public majoritairement adolescent. En prime, le festival arrive à créer des passerelles entre ces publics à l’image des jeunes curieux suivants leurs parents pour découvrir la richesse du jazz ou inversement, des parents venus accompagner leurs enfants au concert du rappeur Kikesa. On en confondrait presque les fontaines de la place Stanislas avec la fontaine de Jouvence. Car derrière ses 45 ans, c’est bien un festival des plus dynamiques et ouvert sur son temps qui s’est présenté à nous. La Lorraine n’est pas près de s’arrêter de battre au rythme des Nancy Jazz Pulsations.
Meilleur moment : Cette mère de famille venue accompagner ses enfants et qui se retrouve à danser sur les paroles particulièrement crues des rappeurs de 13 Block.
Pire moment : On ne peut que saluer ce danseur qui bougeait frénétiquement son corps pendant le set de Laurent Garnier, mais de là à nous renverser dessus sa bière pleine…