Neneh Cherry, plus touchante et engagée que jamais dans « Broken Politics »
En 2014, après presque vingt ans de pause, Neneh Cherry revenait sur le devant de la scène avec Blank Project, un nouvel album produit par Four Tet. Pas besoin d’attendre autant, la Suédoise, toujours entourée par le Londonien, est déjà de retour avec les douze titres de Broken Politics. En quelques mois, elle avait eu le temps de le teaser en parlant d’un album « plus calme et plus réfléchi ». Un constat qui se confirme dès les premières secondes de l’album : « Now everything in focus, I can see it clearly, every little detail » scande-t-elle en démarrant « Fallen Leaves ».
Pour parler de cet album, la chanteuse de 54 ans explique : « J’ai du mal à parler de thèmes importants en prétendant que j’ai une solution. Qui a les solutions, putain ? J’aime écrire d’un point de vue personnel, le temps que nous passons sur Terre doit nous aider à trouver notre propre voie. Les gens se sentent mal écoutés, mal compris et pleins de désillusions. Qu’est-ce que je peux faire ? […] Nous sommes des êtres humains avec des vies et des histoires. » C’est ainsi que Neneh Cherry rattache son histoire personnelle à des problèmes universels. Et ce, dès « Kong », premier single épaulé par 3D de Massive Attack (en plus de Four Tet). A l’intérieur, elle dénonce les conditions de vie des réfugiés de manière générale mais plus personnellement de ceux de la « jungle » de Calais, où elle a passé quelques jours à aider une amie bénévole. Loin d’être gratuit, le titre de l’album Broken Politics témoigne d’un réel engagement de la part de la Suédoise. « Shot Gun Shack » par exemple, dénonce l’utilisation des armes à feu en évoquant les tragédies qu’engendrent leur utilisation.
A la croisée des genres – entre soul, hip-hop et jazz – et des instruments – harpe, kalimba, percussions -, ce nouvel album se veut différent. Apaisée, Neneh Cherry dévoile des mélodies plus douces, contrastant avec son tube de 1988 « Buffalo Stance ». Mais ces calmes instrumentations font plus qu’honneur à la voix de la chanteuse. En début de semaine, elle nous avait dévoilé « Synchronised Devotion », une très jolie ballade accompagnée d’un piano discret. « Slow Release » et « Black Monday » continuent sur cette voie, dans une intimité et une sincérité – renforcées par les deux interludes – qu’on pensait perdues.
Le côté plus énergique et rythmé d’une poignée de morceaux, comme le fort « Natural Skin Deep », n’arrive tout de même pas à nuire à la voix de Neneh Cherry. Dans un registre quasiment rap, « Faster Than The Truth » émerge sûrement comme le morceau dans lequel sa voix est la plus brisée, mais aussi la plus prodigieuse. Nul besoin de faire de résumé de cet album, la chanteuse s’en est chargée avec l’épisode final « Soldier ». Véritable plaidoyer à l’amour de soi, le titre se munit de l’orchestration la plus entêtante. Un album doux, sincère et touchant, condensé indispensable pour survivre au monde d’aujourd’hui.
En écoute :
Puisqu’une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, Neneh Cherry sera en concert au Trianon le 28 février prochain.