En direct de… Jeux Olympyk #1
C’est la rentrée aussi dans les caves du 18ème, l’Olympic de la rue Léon ouvre donc la saison avec un plateau électro-DIY varié, l’occasion de voir ce que la jeune garde locale bidouille dans sa chambre ces temps-ci.
L’ouverture est crépusculaire avec Teknomom qui viennent de sortir un morceau-fleuve chez le Turc Mécanique. Masque à gaz et lunettes de plongée de rigueur, le duo propose deux jams sombres et statiques d’indus downtempo, et marche sur un fil entre torpeur et élévation. Autrefois, Teknomom s’appelaient Punks Are Fags et taillaient des morceaux ténus, mais aujourd’hui ils tentent un cosmos noir de boucles vocales, recouvert d’une couche de drone à la guitare, et s’en sortent bien. Ça sonne parfois comme une répète, parfois comme une nouvelle bande-son potentielle pour La Planète Sauvage, mais en fin de compte le tout s’embrase et monte au cerveau comme il se doit.
Le sarcasme et la concision sont devenus le signe de reconnaissance de l’underground française du moment, et le nom de Déficit Budgétaire y colle plutôt bien. Mais la minimal wave sèche et bien écrite du duo parisien ne se résume pas à une boutade, même si ses textes laissent passer un peu d’humour. Une certaine ambition transparaît même dans ces compos taciturnes montées sur boîte à rythme, et on pense même à un Black Marble en plus austère. Certes, la moitié chantante hésite encore sur sa posture à tenir (replié bras croisés, ou friendly avec la première rangée), mais l’expression du jeu de guitare, souvent très Cure-iste tendance Pornography, soutient bien l’ensemble, et les nouveaux tracks annoncent un futur premier LP consistant.
Forcément, après tant de retenue, Sydney Valette fait l’effet d’un cascadeur gabber-pop. Qu’il chante l’ennui à Paris ou des poursuites dans le métro, il s’époumone et bondit en travers de la scène jusqu’à trouer le faux plafond sur une EBM bubblegum pétrie de mélancolie et de joies simples. Le temps qu’il fasse son numéro de crooner sur « Please » et que du verre se brise dans le public pendant « Crystal », le showman s’épuise mais tient bon jusqu’au terme d’une de ses performances les plus drôles et physiques.
(Thomas Corlin)