Entre gigantisme et utopie, un jeudi soir au Sziget

Oubliez les plus gros festivals auxquels vous avez pu participer, le Sziget est au delĂ  du gigantisme. Notre premiĂšre soirĂ©e Ă  Budapest a donc Ă©tĂ© consacrĂ©e Ă  la dĂ©couverte du site, que l’on n’est mĂȘme pas sĂ»r d’avoir visitĂ© en entier. A titre de comparaison, cela ressemble un peu Ă  la fĂȘte de l’Huma mais avec plus de scĂšnes et un aspect plus commercial, plusieurs espaces festifs portant des noms de marques – Mastercard, Telekom etc. Mais il y a surtout un nombre incroyables de bars et d’espaces de restauration, certains devenant eux-aussi des scĂšnes avec Djs Ă  la nuit tombĂ©e, s’ajoutant ainsi Ă  la vingtaine de scĂšnes officielles. Chacun peut trouver une ambiance Ă  sa convenance, que l’on cherche un concert rock de qualitĂ©, un set house pointu, de la pop mainstream, un groupe local reprenant les Rolling Stones, de la dance folklorique hongroise, du jazz, du ska de festival oĂč mĂȘme une fĂȘte genre bar de plage Ă  Palavas avec les tubes qui passent Ă  la radio. L’intĂ©rĂȘt du Sziget est le brassage des publics qui parfois viennent de trĂšs loin. On a notamment croisĂ© un festivalier CorĂ©en venu spĂ©cialement pour l’occasion. Tout est fait d’ailleurs pour que les participants puissent vivre en autonomie pendant une semaine sur l’Ile oĂč se tient l’évĂ©nement – Sziget en hongrois voulant dire Ile – il y a mĂȘme des bureaux de change pour obtenir des forints, la monnaie locale, et une pharmacie au cas oĂč. Comme il n’y a pas vraiment de sĂ©paration entre les espaces festifs et le camping, chacun peut planter sa tente oĂč il le souhaite, crĂ©ant une sympathique impression d’anarchie organisĂ©e. C’est lĂ  tout le paradoxe du Sziget, ce grand sentiment de libertĂ©, d’utopie, d’espace oĂč tout est possible, mais avec une organisation hyper carrĂ©e et des grandes marques associĂ©es. 

Dixon

Et sinon on a vu quoi hier ? 

Ce long tour du propriĂ©taire ne nous a pas empĂȘchĂ©s de nous poser un peu plus longuement par ci par lĂ . On voulait voir Ă  quoi ressemblait la Main Stage, qui doit pouvoir Ă  elle seule accueillir plus de 50 000 personnes. Mais la pop sucrĂ©e de la chanteuse britannique Ellie Goulding nous a fait fuir au bout de trois chansons. On s’est bien dĂ©crassĂ© les oreilles par contre durant le concert d’Interpol. Du rock propre et efficace. On reprochera toutefois aux membres de la formation un manque d’échange avec le public. Ils dĂ©roulent leur set froidement, Ă  fond dedans mais sans un regard pour leurs fans. Direction ensuite le Colosseum, sorte d’arĂšne faite avec des palettes de bois empilĂ©es, que certains s’empressent d’escalader au grand dam des agents de sĂ©cu. C’est sur cette scĂšne que sont programmĂ©s les artistes house et techno dont Dixon qui a assurĂ© la cloture de noter soirĂ©e, lui aussi plutĂŽt dans son monde, ne prĂȘtant pas une grande attention aux danseurs. Est-ce le gigantisme de l’évĂ©nement qui nous donne cette impression de distance entre les artistes et leur public ? On a encore trois jours pour le vĂ©rifier. (Nicolas Bresson)